Un roman comme un voyage. Où l'on quitte le Montréal festif des étudiant·e·s pour gagner les forêts, les lacs et les rivières de Nitassinan, en passant par Vancouver, Mexico et Pessamit. Où l'art révèle, à chaque étape, la beauté millénaire des cultures autochtones et leur souveraine indocilité. Un roman comme une initiation. Où le rêve est une dimension du réel, et le territoire une matrice. Où, avec l'aide des esprits, on trace sa voie. Un roman comme une réparation. Où l'on affronte un passé qui ne passe pas. Où la fille peut être la mère de sa mère, et aussi une jeune femme apaisée et amoureuse et puissante.
Vous êtes des milliers / À marcher sur les mers / Allez et revenez / Procréer / Avec le ciel / La prochaine terre / À donner aux sans-pays / Une planète entière / Où nous serons / Réfugiées. Voix de femmes coulées debout dans les fleuves. La grand-mère, la mère et la fille reconquièrent leur corps, leur pouvoir et leur destin. Elles se racontent, se confient aux ancêtres. Elles naissent et renaissent, convoquent le soleil de la justice pour que commence une ère nouvelle. Le poème, souverain, refait l'Histoire, remplit les vides, frappe aux portes de la vérité.
Assi en innu veut dire Terre.
Poésie d'utilité publique que ce Manifeste qui crie d'une même voix révolution et amour. Si la parole était donnée aux peuples des Premières Nations, elle ressemblerait à Assi, terre rêvée de ces femmes et de ces hommes qui guettent dans leur chant les mots dignité, espoir et liberté.
Voir sans regarder regarder sans voir tu as les mains pleines d'histoires.
Après Naomi Fontaine, voilà qu'on goûte aux mots de Natasha Kanapé Fontaine. Il faut prêter l'oreille à ce chant de paix, à cette voix qui s'élève pour faire entendre celle des siens, pour unir, avec une assurance qui force l'admiration.
Marie Hélène Poitras Zone d'écriture Radio-Canada
Un cri s'élève en moi qui me transfigure. Le monde attend que la femme revienne au monde comme elle est née telle qu'elle est: femme naissance, femme droite, femme debout, femme puissante. Femme résurgence. Renaissance. Un appel s'élève en m oi et j'ai décidé de l ui dire oui. Dire oui à ma naissance. Assumer en m on esprit les mémoires qui émergent en même temps que la voix des femmes autochtones se dressent au-dessus de l a noirceur ambiante. Les mémoires des blessures, les mémoires de la terre, les mémoires du peuple et de ses générations précédentes. Le c hoc de l a dépossession. Prendre la parole chacune notre tour et soulager peu à peu le fardeau de l'oppression. Le poids de la douleur. Le poids du colonialisme. J'écris pour dire oui à mon être. Dire oui à moi femme. Forcer les portes du silence. Se nommer résilience. Pour la postérité. Pour assurer notre trace. Déraciner une fois pour toutes la Colonisation.
? Natasha Kanapé Fontaine
Des récits, des vérités, peuplent la nuit et les mémoires. L'éclair les révèle, invite Monica à prendre part à un grand et puissant mouvement de réappropriation.
En 2016, la poète Innu Natasha Kanapé Fontaine et le romancier québéco-américain Deni Ellis Béchard entamaient une conversation sans tabou sur le racisme entre Autochtones et Allochtones. Comment cohabiter si notre histoire commune est empreinte de honte, de blessures et de colère? Comment faire réaliser aux Blancs le privilège invisible de la domination historique? Comment guérir les Autochtones des stigmates du génocide culturel?? Ces questions traversent leurs échanges: Natasha raconte sa découverte des pensionnats autochtones, son obsession pour la crise d'Oka, la vie dans la communauté de Pessamit; Deni parle du racisme ordinaire de son père, de la ségrégation envers les Afro-Américains, de son identité de Québécois aux États-Unis.
Cinq ans plus tard, Deni et Natasha reprennent la plume pour poursuivre ce «?rendez-vous de la parole qui s'ouvre?». Renouant avec le ton intimiste et le foisonnement intellectuel de leur premier échange, ils abordent des sujets d'une brûlante actualité?: mobilisation de Black Lives Matter après la mort de George Floyd, feux de forêt en Californie, campagne présidentielle sur fond de montée de l'intolérance; soulèvement des Wet'suwet'en et blocus ferroviaires, dénonciation de la politique de la reconnaissance du gouvernement Trudeau. Puis survient l'impensable: Joyce Echaquan, une Atikamekw de 37 ans, meurt sous les injures racistes de deux infirmières de l'hôpital de Joliette. Une vague d'indignation monte...
En croisant leurs mots avec franchise, leurs lettres approfondissent le dialogue nécessaire à la réconciliation entre nos peuples. Il en résulte un livre humaniste et universel sur le rapport à l'autre et le respect de la différence.
La pièce Muliats - première création des Productions Menuentakuan, un collectif engagé et frondeur - revisite, avec un humour mordant et un sincère besoin de crever l'abcès, les relations souvent teintées de malentendus entre Autochtones et Québécois. Muliats (« Montréal » en innu) raconte l'histoire d'un Innu de Mashteuiatsh, Shaniss, qui décide de quitter sa communauté pour s'installer en milieu urbain. Il y fera la rencontre de Christophe, jeune Allochtone et Montréalais d'origine, qui deviendra son colocataire. Momentanément séparés par un choc culturel, les deux hommes apprendront à vivre la beauté de leurs différences et chercheront ensemble à résoudre les dissonances identitaires auxquelles ils sont confrontés. Muliats sonde le gouffre, trop souvent ignoré, qui existe entre deux nations à la recherche de repères. À travers les parcours d'un Autochtone ayant quitté sa communauté, de son frère aîné revendicateur et traditionaliste et d'un jeune Québécois, lui-même en quête de sa propre identité, la pièce explore les thèmes les plus actuels de la réalité des Premières Nations du Québec. Les Productions Menuentakuan sont formées d'artistes des Premières Nations et de jeunes acteurs québécois. Menuentakuan veut dire, en innu : « Prendre le thé ensemble, se dire les vraies choses dans le plaisir et la bonne humeur. »