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Marius Von Mayenburg
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Le moche ; le chien, la nuit et le couteau
Marius Von Mayenburg
- L'Arche
- Scène Ouverte
- 14 Mars 2025
- 9782381980805
Lette, ingénieur talentueux, découvre du jour au lendemain qu'il est très laid - personne ne le lui avait jamais dit. Le Moche raconte son histoire, sa chirurgie de reconstruction faciale par un expert mondial, son nouveau visage. Un nouveau visage fabuleusement réussi : sa femme l'embrasse avec plus de fougue, son patron l'envoie donner des conférences, son chirurgien l'emmène partout avec lui pour montrer sa perfection. Un nouveau visage qui change tout : Lette est désiré pour la première fois, mais son identité se délite. Satire mordante sur la beauté, l'argent et la vérité, Le Moche nous met face à nos propres contradictions : « Je n'ai pas cessé de penser à moi depuis la première fois que je me suis vu. »
Dans Le Chien, la nuit et le couteau, un homme en poignarde un autre dans un cul-de-sac, presque par inadvertance. Au loin, un chien hurle avec les loups. S'ensuit une plongée surréaliste dans un commissariat, ou le temps et la réalité se troublent - jusqu'à ce que le chien se rapproche.
Avec ces deux pièces, Marius von Mayenburg tord le réel pour interroger nos pulsions, entre grotesque et horrifique. -
A' la mort de leur pe're, Nicole et Philipp se retrouvent pour vider
la maison familiale. Dans le grenier, ils découvrent un tableau
signé « A. Hitler » - catalyseur de la mise au jour des secrets de famille. Quand une experte en art nazi arrive et déclare que c'est un authentique tableau du Fuhrer à mettre aux enche'res, les camps se divisent : d'un co^té, Judith, la femme du fre're horrifiée qu'ils puissent spéculer sur une oeuvre d'art nazi, en face, une famille se réjouissant de cette source d'argent inespérée.
Au fil de répliques cinglantes et d'échanges acerbes sur le legs du nazisme ou sur la question tant débattue de la frustration d'Hitler concernant les arts plastiques, se rejoue l'implacable question de
la conscience allemande apre's-guerre et ses déme^lées avec le passé nazi, de l'indélébile « sentiment de culpabilité » au déni, et les résurgences terrifiantes d'un antisémitisme latent. Une pie'ce au vitriol sur la conscience de l'Histoire, mettant en perspective ce « passé qui ne passe pas », pour reprendre l'expression de l'historien et philosophe allemand Ernst Nolte, de nos jours si prégnante. -
Michael et Ulrike ne savent plus où donner de la tête : accaparés par leur travail et déroutés par la puberté précoce de leur fils, ils engagent Jessica comme femme de ménage, pour les soulager un peu. Ils croient sauver leur vie de famille en apparence idyllique. Jessica devient rapidement essentielle à tous. Mais qui est, au juste, cette femme dont la présence physique s'affirme de jour en jour ? Comment se comporter « comme il faut » avec elle ? Qu'offre-t-on à sa femme de ménage pour Noël ? Est-il socialement envisageable de nouer des liens amicaux avec elle ? Un jour, le chef d'Ulrike, Haulupa, artiste plasticien, remarque la séduisante Jessica et décide de l'engager comme performeuse. Comme souvent, les frontières entre admiration et humiliation sont poreuses.
Une pièce acide et cinglante sur les rapports sociaux, le pouvoir de l'art et celui de l'argent.
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Dans Martyr, Benjamin est un adolescent qui ne jure que par les Écritures saintes. La crise mystique qu'il traverse et les idées extrémistes qu'il défend viennent rapidement perturber le quotidien du lycée. Cible mouvante relate le dialogue entre deux parents qui soupçonnent leur fils d'être l'auteur d'un attentat. Faut-il le dénoncer ?
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L'affaire débute en 1935 : une famille juive doit vendre sa maison de Dresde. La vente ne portera bonheur à personne. Les régimes politiques changent au cours des années, les habitants aussi. Les nouveaux propriétaires fuient le régime communiste de la RDA pour se réfugier à l'Ouest.
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Eva et Robert, Judith et Sebastian. Deux couples qui au fil des scènes, se font et se défont dans le plus pur esprit de nonsense. Les situations se succèdent avec absurdité et incohérence, et l'humour s'immisce dans la répétition de motifs obsessionnels. Tout ceci est du théâtre, mais le metteur en scène n'est pas venu et l'on commence à démonter le décor alors que la pièce se joue encore. L'univers de Perplexe nous fait adhérer à des événements qui sont sans cesse dissous.
Voir clair réunit deux personnages : Julia vient apporter une aide quotidienne à Walter. Celui-ci fait des allers-retours entre le salon et une chambre interdite où il défend à Julia de pénétrer. Peu à peu les deux personnages commencent à s'apprivoiser, mais chacun garde ses secrets pour soi. Une pièce qui joue sur le non-dit et l'angoisse qu'elle génère chez le spectateur.
Marius von Mayenburg est né en 1972 à Munich. Pour Visage de feu, il obtient en 1998 le prestigieux prix Kleist.
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Chez Mayenburg, les personnages sont souvent jeunes et leurs comportements bizarres. Ils n'ont rien de bon et semblent suspendus dans un no man's land entre ciel et terre. Des égoïstes qui se haïssent eux-mêmes. Ils fabriquent des bombes artisanales sans appartenir à un mouvement clandestin. Leurs pulsions incestueuses exigent des victimes. Ils sont impotents ou attachés à un fauteuil roulant. Contre toute attente, leur langage n'est pas cru ou sans délicatesse ; il est loin d'un assemblage de propos orduriers. L'auteur coupe un morceau de la réalité et le présente tel quel, sans l'étayer d'un projet politique ou social.
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Erik et Simone forment un couple banal. Lui est traducteur, elle travaille dans l'industrie. Des disputes jalonnent leur quotidien, et semblent être les mêmes depuis toujours. Quand Simone revient d'un voyage d'affaires avec un cadeau pour Erik, celui-ci se braque immédiatement : ce cadeau est une excuse pour se donner bonne conscience d'être absente et de ne plus s'intéresser à leur famille. Alors qu'il s'occupe des enfants, il doit tout mettre en pause pour permettre à Simone de poursuivre sa carrière. Homme de maison, le ressentiment gronde.
Ou alors est-ce l'inverse ? Simone est traductrice, mais l'auteur qu'elle traduit vient de mourir. Erik rentre de voyage d'affaires avec un cadeau, et la nouvelle d'une promotion - mais il faudrait déménager. Simone travaille à la maison de toute façon, alors de quoi se plaint-elle ?
Dans cette pièce, le retournement constant des rôles, cher à Marivaux, révèle les dynamiques dysfonctionnelles d'un couple empêtré dans les cases d'une vie ordinaire et les injonctions sociales. Ainsi exposé, le masque idéal de cette forme de vie réglée s'écroule enfin.