Avoir un lion pour meilleur ami ? C'est le rêve que vit Patricia. Chaque jour, dans la réserve que dirige son père, la petit fille retrouve King, un grand mâle qu'elle a recueilli lionceau et rendu à la vie sauvage. Mais King est en danger : Oriounga, un jeune Masaï, est décidé à le tuer pour gagner sa place parmi les guerriers de sa tribu...
Un bouleversant roman d'aventures et d'amitié dans les paysages grandioses du Kilimandjaro
Allemagne, 1939. Masseur réputé, le docteur Félix Kersten mène une vie aisée et tranquille. Jusqu'au jour où il est appelé au chevet d'un patient hors norme:Himmler, le redoutable chef de la Gestapo... Seul capable de le soulager, Kersten va peu à peu gagner sa confiance et tenter d'arracher aux griffes du régime nazi des milliers de vie.
Kessel a situé en Afghanistan une des aventures les plus belles et les plus féroces qu'il nous ait contées. Les personnages atteignent une dimension épique:Ouroz et sa longue marche au bout de l'enfer... Le grand Toursène fidèle à sa légende de tchopendoz toujours victorieux... Mokkhi, le bon sais, au destin inversé par la haine et la découverte de la femme... Zéré qui dans l'humiliation efface les souillures d'une misère qui date de l'origine des temps... Et puis l'inoubliable Guardi Guedj, le conteur centenaire à qui son peuple a donné le plus beau des noms:«Aïeul de tout le monde»... Enfin, Jehol «le Cheval Fou», dont la présence tutélaire et «humaine» plane sur cette chanson de geste... Ils sont de chair les héros des Cavaliers, avec leurs sentiments abrupts et du mythe les anime et nourrit le roman.Pierre-François Garel s'empare avec talent de cette fresque sauvage et envoûtante, et nous emporte dans une folle traversée de l'Afghanistan.
Londres, 1943, Joseph Kessel écrit L'Armée des ombres, le roman-symbole de la Résistance que l'auteur présente ainsi : « La France n'a plus de pain, de vin, de feu. Mais surtout elle n'a plus de lois. La désobéissance civique, la rébellion individuelle ou organisée sont devenues devoirs envers la patrie. (...) Jamais la France n'a fait guerre plus haute et plus belle que celle des caves où s'impriment ses journaux libres, des terrains nocturnes et des criques secrètes où elle reçoit ses amis libres et d'où partent ses enfants libres, des cellules de torture où malgré les tenailles, les épingles rougies au feu et les os broyés, des Français meurent en hommes libres.
Tout ce qu'on va lire ici a été vécu par des gens de France. »
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, «des réserves». Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter? Un pur romancier? un authentique reporter? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.
Cette édition ne fait pas acception de «métiers» ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau: les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.
Le «système Kessel», on croit le connaître : courir le monde, faire provision de «choses vues», livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman «kényan» de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.
Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins «du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire» (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il «l'air du temps», qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue comme une quête de fraternité.
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, «des réserves». Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter? Un pur romancier? un authentique reporter? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.
Cette édition ne fait pas acception de «métiers» ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau: les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.
Le «système Kessel», on croit le connaître : courir le monde, faire provision de «choses vues», livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman «kényan» de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.
Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins «du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire» (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il «l'air du temps», qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue comme une quête de fraternité.
Malgré tout l'amour qu'elle lui porte, Séverine s'ennuie avec son mari et n'éprouve guère de plaisir. Elle fait un jour la connaissance d'un homme qui l'entraîne dans une maison clandestine. Curieuse et troublée, Séverine devient Belle de Jour tous les après-midi...
« La Syrie ? Que savons-nous d'elle ? Avouons-le sans faux orgueil : quelques réminiscences historiques sur les croisades, quelques pages célèbres, les beaux noms de Damas, de Palmyre, de l'Euphrate, voilà tout notre bagage pour une grande et féconde contrée placée sous Mandat français. Mais qui discerne l'importance de ce Mandat ? Qui - à part de très rares spécialistes - pourrait tracer la physionomie politique de ce pays ? Qui expliquerait pourquoi l'on s'y bat et qui se bat ? Ce berceau des civilisations, ce lieu de passage prédestiné, dont la richesse et la beauté ont retenu, sans les mêler, tant de peuples, cette terre où poussent avec une force ardente les croyances et les hérésies, déroute et confond.» Le premier reportage de Joseph Kessel, publié en 1926. Des pages d'une surprenante actualité.
Pendant la Première Guerre mondiale, le jeune Jean Herbillon rejoint l'aviation. Il se lie d'amitié avec le lieutenant Maury. Les deux hommes sont inséparables, volent au sein du même équipage, mais leur amour pour la même femme remet en cause leur amitié. Avec une présentation de l'auteur, des questions de compréhension, des groupements de textes, etc.
Le 14 mai 1948 signe la création officielle d'Israël. De Jérusalem à Tel-Aviv, l'Histoire s'écrit au fil des heures. Et pour couvrir l'événement, premier sur place, l'impétueux Joseph Kessel, qui obtient - cela ne s'invente pas - le visa numéro un du nouvel État. Pendant un mois, l'écrivain et reporter sillonne un pays qu'il a découvert plus de vingt ans plus tôt. Dès 1926, il était tombé amoureux de cette terre où de nouveaux colons juifs arrivaient chaque jour de tous horizons pour tracer leur destin commun, indifférents aux obstacles.Kessel sera là, encore, en 1961, au «temps des juges», pour le procès Eichmann. Il sera là, toujours, à l'aube des années 1970, pour décrire Israël à vingt ans, meurtri par tant de conflits et pourtant debout, inébranlable.Ignorant presque tout du judaïsme de ses pères, étranger à toute forme de croyance, Kessel aura vibré jusqu'au bout pour cette terre, à qui il rend un hommage empli d'admiration et de tendresse, dans ces reportages consacrés aux «fils de l'impossible».
Puis, de sa voix lente, sans inflexion, il se mit à raconter son emprisonnement, les interrogatoires impitoyables, menés par un enquêteur poli, raffiné, mais d'une ruse et d'un acharnement diaboliques, l'envoi de ses camarades à l'exécution, et comment la terreur, la souffrance, les mauvais traitements, avaient à tout jamais éteint ses yeux déjà usés. Il fut interrompu par Arkadine qui, soudain, cria d'une voix stridente, hystérique : - Du champagne, garçon , du champagne, vite.
Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. À la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, «des réserves». Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter? Un pur romancier? un authentique reporter? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes.
Cette édition ne fait pas acception de «métiers» ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau: les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre.
Le «système Kessel», on croit le connaître : courir le monde, faire provision de «choses vues», livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman «kényan» de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination.
Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins «du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire» (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il «l'air du temps», qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Écrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue comme une quête de fraternité.
Né dans l'Aisne à Aubenton le 9 décembre 1901 et disparu en 1936 à bord de l'hydravion Croix-du-Sud au large des côtes de Dakar, Mermoz a eu un destin unique : il fut le plus prestigieux et le plus aimé des pilotes à l'époque où l'aviation comptait encore des aventures qui tenaient de l'épopée et inspiraient au monde entier une admiration sans borne. Kessel, son ami et son biographe, dit de lui : «Archange glorieux, neurasthénique profond, mystique résigné, païen éblouissant, amoureux de la vie, incliné vers la mort, enfant et sage, tout cela était vrai chez Mermoz, mais tout cela était faux si l'on isolait chacun de ces éléments. Car ils étaient fondus dans une extraordinaire unité.»
Plus secrète que la mecque, plus difficile d'accès que lhassa, il existe au coeur de la jungle birmane une petite cité inconnue des hommes et qui règne pourtant sur eux par ses fabuleuses richesses depuis des siècles : c'est mogok, citadelle du rubis, la pierre précieuse la plus rare, la plus chère, la plus ensorcelante.
Mogok, perdue dans un dédale de collines sauvages par-delà mandalay. mogok autour de laquelle rôdent les tigres. la légende assure qu'aux temps immémoriaux un aigle géant, survolant le monde, trouva dans les environs de mogok une pierre énorme, qu'il prit d'abord pour un quartier de chair vive tant elle avait la couleur du sang le plus généreux, le plus pur. c'était une sorte de soleil empourpré. l'aigle emporta le premier rubis de l'univers vers la cime la plus aiguë de la vallée.
Ainsi naquit mogok...
« En 1915, j'étais âgé de 17 ans et, pour toute expérience humaine, possédais celle d'un écolier. En 1920, j'avais été journaliste, acteur, soldat, observateur d'aviation et fait le tour du monde avec mon escadrille. »
Montmartre au petit jour. Chaque matin, l'auteur, attablé au Sans-Souci, voit passer une femme dans la rue. Elsa Wiener, il l'apprendra bientôt, a fui l'Allemagne. Son mari Michel y est resté, enfermé dans un camp. Elle chante dans les boîtes de nuit. Elle vit seule avec un enfant juif, Max, que les nazis ont rendu infirme.
On suit avec fascination la lente chute d'Elsa, sa déchéance, au nom d'un amour qui n'existe peut-être pas.
Avec le portrait de cette passante des aubes transies de Pigalle, Kessel semble dire adieu au Paris des années folles. Ce livre, publié en 1936, parlait pour la première fois sans doute des camps de concentration hitlériens.
"Il n'est point de romancier, a écrit joseph kessel, qui ne distribue ses nerfs et son sang à ses créatures, qui ne les fasse héritières de ses sentiments, de ses instincts, de ses pensées, de ses vues sur le monde et sur les hommes.
C'est là sa véritable autobiographie." Il en est ainsi du tour du malheur, ce grand roman que kessel mit vingt ans à mûrir, dix ans à écrire. tout son temps s'y retrouve, en une ronde de personnages qui apparaissent, disparaissent, reviennent.
Le personnage central en est richard dalleau. engagé volontaire dans la guerre de 1914-1918, grand avocat ensuite, richard est un de ces jeunes hommes qui aiment la vie, entièrement, furieusement.
Dans toutes ses beautés et toutes ses jouissances. fort et vite. trop fort. trop vite.
C'était en 1931 que kessel entreprit la rédaction de ce qui devait être un de ses plus beaux romans.
L'idée de " fortune carrée " lui vint sur le plateau volcanique de sanaa en voyant " le moscovite " caracoler sur l'étalon de l'imam du yémen.
Cette histoire virile met en scène deux hommes violents et sans attaches : hakimoff et henri de monfreid, dans un cadre époustouflant de beauté : le yémen, la mer rouge, l'éthiopie-somalie.
Un récit fulgurant qui s'inspire de la vie du grand voyageur que fut kessel et de ses rencontres avec de fabuleux personnages monfreid, mais aussi le sergent hussein ou encore gouri, le tueur aux bracelets de peau humaine.
Un roman d'aventures épique et vrai.
«Il n'est point de romancier, a écrit Joseph Kessel, qui ne distribue ses nerfs et son sang à ses créatures, qui ne les fasse héritières de ses sentiments, de ses instincts, de ses pensées, de ses vues sur le monde et sur les hommes. C'est là sa véritable autobiographie.» Il en est ainsi du Tour du malheur, ce grand roman que Kessel mit vingt ans à mûrir, dix ans à écrire. Tout son temps s'y retrouve, en une ronde de personnages qui apparaissent, disparaissent, reviennent.
Le personnage central en est Richard Dalleau. Engagé volontaire dans la guerre de 1914-1918, grand avocat ensuite, Richard est un de ces jeunes hommes qui aiment la vie, entièrement, furieusement. Dans toutes ses beautés et toutes ses jouissances. Fort et vite. Trop fort. Trop vite
Joseph Kessel posscde le calme, l'humour et le lyrisme, trois vertus que l'on trouve de plus en plus rarement liées. Il suffit de lire quatre lignes de lui pour sentir qu'il détient les secrets qui permettent de vivre et de regarder les etres au plus haut degré de chaleur possible.
L'historiographe de Mermoz, le romancier du Lion et des Cavaliers, le journaliste et le pocte de l'aventure devait bien, un jour, s'enfoncer dans les lieux les plus sombres et les plus violents de l'Afrique.
Le voici chez les Mau-Mau, au sein d'une révolte politique et religieuse ou s'affrontent la conception magique et la conception pratique du monde. Le voici parmi les derniers seigneurs de la terre, qu'il s'agisse des grands fauves, des grands sorciers, des grands colons ou des grands chasseurs. Joseph Kessel refuse nos distinctions conventionnelles. Ce qui compte pour lui, c'est l'intensité de la vie qui passe ´r travers les créatures vivantes : betes, hommes blancs ou noirs. Au-del´r d'un document et d'un reportage, on trouvera donc dans ce livre une vision poétique d'un monde ou la poésie gît encore ´r l'état brut.
L'aventure n'est pas morte. Elle a encore ses lieux de prédiclection. Hong-Kong, Macao ont conservé, renouvelé, ce parfum d'aventure. Hong-Kong, colonie britannique, est une des portes de la Chine. elle a été le grand centre de l'opium ; depuis la Chine rouge, elle est devenue une puissante cité capitaliste qui importe et exporte des produits du monde entier. Macao, colonie portuguaise, quelques kilomètres plus au sud, était la capitale du jeu ; c'est en plus le grand marché de l'or en Extrême-Orient. Maintenant que Shanghaï a perdu son autonomie, Hong-Kong et Macao sont les deux postes frontières du monde occidental et de la Chine. Admirable voyageur, Joseph Kessel voit plus de choses en une page que d'autres en un volume. Dans ces deux villes clés, il a rencontré les personnages les plus étranges, entendu les histoires les plus singulières. Par exemple, l'aventure de ce jeune hongrois, qui s'était baptisé O'Brien pour pénétrer clandestinement en Amérique et qui en fut expulsé sur le premier navire en partance. de là, il ne cessa de voyager entre Hong-Kong et Macao, également expulsé des deux colonies, ce qui lui fit accomplir cinq cents quarante voyages consécutifs, sans quitter le bateau qui était son dernier asile ! "Hong-Kong et Macao" est un reportage étonnant dont les acteurs s'appellent l'opium, le jeu, la police secrète, la misère, à côté de richesses insoupçonnables.
«- Je m'appelle Frank T. et je suis un alcoolique.
- Je m'appelle Elizabeth F. et je suis une alcoolique.
Selon la condition sociale, le vêtement était luxueux, ou pauvre. Selon le degré d'éducation, variaient les manières et les voix. Mais l'origine, la culture, le costume, la fortune des hommes et des femmes qui parlaient ainsi et des hommes et des femmes à qui s'adressaient leurs propos n'avaient aucune importance. Ils étaient tous unis par un lien commun, plus fort que celui d'un milieu, d'une race, d'une famille, ou même d'un amour. Blancs ou Noirs, opulents ou misérables, illettrés ou savants, ils étaient solidaires, ils étaient frères à jamais, parce qu'ils avaient subi le même mal dévorant et qu'ils avaient laissé aux griffes du monstre leur chair et leur âme.» Ce célèbre reportage contribua à l'installation en France des Alcooliques Anonymes. Il conserve toute son actualité.
Des scènes de la vie privée en Russie bolchéviste. Un professeur de mathématiques calme et pondéré devient communiste et commissaire du peuple, maltraite sadiquement un village ; il meurt chef d'une bande antisoviétique après avoir brûlé vifs dans la grange où ils dorment ses compagnons prêts à le trahir.
Un père et son petit garçon de dix ans sont fusillés ; mais le petit garçon n'a pas été tué, il revient chez sa mère et sa soeur qui soignent sa blessure ; une cousine le dénonce ; la mère empoisonne l'enfant avec du laudanum plutôt que de le rendre à ses bourreaux.
Un jeune bourgeois poursuivi est caché dans une cellule de fou furieux par son ami médecin aliéniste ; il passe une nuit entière à se défendre contre le dément qui occupe avec lui la cellule : quelques mois plus tard, parvenu à se mettre en sûreté, il rencontre dans la ville où il a trouvé refuge... le dément, autre bourgeois en parfaite santé mentale et qui, de son côté, durant la terrible nuit, l'avait cru fou furieux.
Ce livre, le premier de Joseph Kessel, a révélé d'emblée un écrivain formé à l'école de la vie