Partout dans le monde et dans de nombreux secteurs de production, une gigantesque main-d'oeuvre est employée sans que soient évaluées les richesses matérielles et immatérielles qu'elle produit, ni que soit compris et reconnu le travail qu'elle eff ectue. Cette main-d'oeuvre est constituée des millions d'animaux impliqués dans le travail et dans la vie humaine, soit dans la production de biens alimentaires (animaux de ferme), soit dans la production de services (animaux de traction, d'assistance, de loisirs, de compagnie, de spectacles, d'armée, de police, etc.), soit dans la production de données (animaux d'expérimentation, de surveillance du climat, de la biodiversité, etc.). Sans la participation, voire sans la coopération des animaux au travail, ces entreprises, ces emplois et toute cette production de richesses n'existeraient pas. Car les animaux ne sont pas seulement impliqués dans le travail humain, ils contribuent à le rendre possible. Au travers du travail en commun, c'est donc une dimension centrale de nos relations aux animaux qui est en jeu mais aussi, par voie de conséquence, une redéfi nition de ce que travailler veut dire.
Pourtant, les théories et les concepts relatifs au travail ne concernent que les seuls humains. Seule l'activité des animaux de trait (équidés, bovidés, etc.) est historiquement reconnue, en partie, comme travail sans que des conséquences en soient d'ailleurs tirées du point de vue de la place des animaux dans les relations de travail. De fait, le travail des animaux est un fait social impensé.
Il s'agit donc de reconsidérer les rapports des animaux au travail en dehors des cadres convenus de la domination et de l'exploitation : comment les animaux travaillent-ils ? Peut-on valider l'hypothèse d'un travailler animal ? Qu'est-ce que la prise en compte de ce travailler animal peut changer au travail humain ? Le travail peut-il être une solution innovante pour reconfi gurer les questions et les modalités de conservation d'espèces animales ? Le travail est-il une proposition morale, politique, juridique ad hoc pour repenser les relations entre humains et animaux ?
L'ouvrage s'intéresse à l'intelligence des chevaux par le prisme du travail : c'est dans la relation de travail avec les humains que l'intelligence pratique et sensible des chevaux est la plus perceptible.
Trois points de vues, trois regards qui interrogent l'élevage charolais moderne : le photographe, le vétérinaire rural, le chercheur se penchent sur ce moment crucial et rarement dévoilé : le vêlage, tout à la fois origine du monde et enjeu économique majeur, à la croisée des mutations du monde moderne. Par delà sa valeur documentaire, c'est toute notre humanité qui s'en trouve mise en question.
Quelle est la différence entre l'homme et les animaux ? philosophes, psychologues, sociologues, anthropologues, juristes se sont attelés sans relâche à cette question.
Quel sens peuvent lui donner ceux qui vivent quotidiennement avec des vaches et des cochons dans des pratiques créatrices de liens ? qu'en pensent des éleveurs ? on découvre, à les écouter, des réponses inattendues. les animaux avec lesquels ils travaillent sont intelligents, sensibles ; ils savent ce qu'ils veulent et ils devinent ce qu'on attend d'eux. nous disposons d'une primatologie pour les singes, d'une éthologie pour les dauphins, les ours, les loups, les éléphants, les oiseaux..., mais nous ignorons encore presque tout des vaches et des cochons.
Il existe pourtant, du côté des éleveurs, une réserve impressionnante de savoir à leur propos, un savoir qui diffère de celui des scientifiques et qui s'enracine dans le "vivre ensemble". la question de la différence entre l'homme et les animaux ? drôle de question !
Partout dans le monde, tous les jours, des millions d'animaux sont engagés avec nous dans le travail : animaux de ferme, animaux de traction, d'assistance, de loisirs, de compagnie, de spectacles, d'armée, de police, etc. Sans l'engagement de tous ces animaux dans le travail, les multiples productions de biens ou de service auxquelles ils contribuent n'existeraient pas. Mais peut-on dire pour autant que les animaux travaillent ? Que veut dire travailler pour un animal ?