Qu'ils soient naturels ou minutieusement reconstitués en studio, identifiables ou anonymisés, les lieux sont au coeur de l'activité cinématographique. Le choix des espaces est artistique, bien sûr, mais aussi économique : d'un côté les productions tentent de contenir les coûts, de l'autre certains territoires développent des politiques spécifiques pour attirer les tournages.
Pour comprendre la fabrique des films aujourd'hui, la sociologue Gwenaële Rot a suivi de nombreuses productions, assisté à des tournages et interrogé directeurs de production, réalisateurs, repéreurs, régisseurs, décorateurs, ventouses, etc.
Grâce à ce riche matériau collecté de Marseille à Paris en passant par Los Angeles, l'auteure ouvre les portes des plateaux, montre comment s'opère le choix de lieux à partir du scénario, comment ceux-ci sont patiemment transformés en décors de cinéma, devenant l'espace de travail d'une équipe, puis celui d'un récit porté sur grand écran.
Le présent livre traite du chantier sous toutes ses formes et dans tous ses états : des travaux publics à la construction navale, de l'archéologie à la production muséale, de la foresterie à la maintenance industrielle, sur terre, sous-terre ou sous l'eau... Par-delà la multiplicité apparente des terrains, le travail de chantier peut être regroupé en trois modes archétypaux : la construction, l'excavation ou enlèvement, la maintenance. Cette grammaire du chantier structure l'ouvrage en autorisant des rapprochements inattendus. Sur tout chantier, le travail est rythmé par une alternance de phases d'attente et d'ennui et de brusques accélérations combinant stress et jouissance de faire. Les équipes sont en général composites et il faut savoir jouer avec les hommes et les choses : s'ajuster ou renoncer, se défendre et dissimuler, reprendre parfois, négocier toujours.
En affirmant une sociologie au plus près de l'expérience du travail, en combinant témoignages d'acteurs et monographies scientifiques, cet ouvrage richement illustré par des photographies de terrain, donne du travail de chantier, de ses plaisirs et de ses peines, une image vivante et suggestive.
Cinquante ans après la publication de L'évolution du travail ouvrier aux usines Renault d'Alain Touraine, Gwenaële Rot revient sur le monde des usines Renault. L'ancienne forteresse ouvrière symbole de l'économie publique gaullienne est devenue une entreprise privée multinationale à la pointe des techniques modernes de management. Comment sont conciliées au quotidien les exigences de qualité et de réduction drastique des coûts, alors que la rationalisation industrielle est aussi source d'une grande vulnérabilité organisationnelle ? Connaît-on encore une résistance ouvrière dans les ateliers et sous quelle forme, quand ont disparu les grands mythes mobilisateurs du XXème siècle ? L'ouvrage combine les résultats d'une enquête de terrain conduite pendant plusieurs années sur divers sites de Renault et une réflexion sur l'histoire de la sociologie du travail française qui a, cinquante ans durant, pris cette entreprise comme idéal-type. Rejetant tant la rhétorique de la fin du travail que les discours nostalgiques sur un monde ouvrier perdu, Gwenaële Rot entend défendre une sociologie de l'atelier qui rende compte des formes contemporaines de la technicité et des relations sociales dans l'entreprise et qui prenne aussi en considération la nature du travail managérial d'organisation. Elle montre qu'il n'y a pas lieu de choisir entre une sociologie de la contrainte et une sociologie de l'autonomie pour rendre compte des formes actuelles de la rationalisation industrielle, puisqu'il s'agit de deux faces étroitement imbriquées de tout fonctionnement organisationnel.
On considère avec nostalgie les Trente Glorieuses comme si, dans les années 1945-1975, avait régné l'abondance économique, alors qu'il fallait d'abord reconstruire un pays en ruine, mais on dénigre son bilan idéologique et culturel, dominé par une croyance illusoire au progrès. Pollution, urbanisme sans âme, matières plastiques imputrescibles, tels seraient les seuls legs de ce temps d'inconscience. Aussi, l'architecture et l'art monumental des Trente Glorieuses, encore mal-aimées, ont subi beaucoup de destructions et commencent à peine à être patrimonialisées.
Or, comme le montrent les études réunies ici, en dépit de l'urgence de la reconstruction, on a accordé à cette époque une grande importance aux questions esthétiques. On faisait confiance aux nouveaux moyens techniques pour faire du beau moins cher à destination du plus grand nombre.
Esthétique fonctionnelle et démocratisation artistique sont étroitement liées. On comprend dès lors le rôle central de l'industrie dans les représentations de cette époque. Contre l'opposition romantique du beau et de l'utile, il fallait réinstaller le monde industriel dans les valeurs humaines. Les usines, aussi, devaient être belles comme fonctionnelles et constituer un objet d'intérêt pour l'art. La démocratisation du beau exigeait qu'il s'impose dans les lieux de travail.
Inversement, l'expérience industrielle de la simplicité, de la cohérence, pouvait nourrir l'inspiration artistique.
Réunissant vingt-quatre spécialistes qui croisent leurs multiples terrains, cet ouvrage vise, non à défendre l'esthétique des Trente Glorieuses, mais à la restituer dans sa complexité. Il invite le lecteur à regarder un peu différemment un passé trop proche pour qu'on puisse encore pleinement l'estimer.
Le projet de ce livre est né en 2002 d'une rencontre entre deux sociologues du travail qu'une génération sépare. Comment et pourquoi devenait-on sociologue du travail il y a cinquante ans et en quoi consistait alors ce métier ? La création d'une revue consacrée à ce domaine allait nous servir de boussole pour remonter le temps. Comment et pourquoi la revue Sociologie du travail avait- elle vu le jour en 1959 ? Cette publication offrait aussi un autre atout. Elle réunissait en qualité de fondateurs quatre éminents sociologues, Michel Crozier, Jean-Daniel Reynaud, Alain Touraine et Jean-René Tréanton. Nous tenions là, sans aucun doute, de quoi raconter une " belle histoire " dont le sens - pour ceux qui l'avaient vécue, mais peut-être surtout pour les générations suivantes - restait accessible ; de quoi offrir aux futurs praticiens de la discipline une histoire sensible sur la fabrique d'un objet de papier simple et robuste, un périodique de référence qui paraît toujours cinquante ans plus tard. Gwenaële Rot est également l'auteur de Sociologie de l'atelier. Renault, le travail ouvrier et le sociologue, Toulouse, Octarès Editions, 2006. Annie Borzeix est l'auteur de Evaluer la performance d'un dispositif d'indemnisation du point de vue des victimes : le cas d'AZF", Annales des Mines, 2007.
Les débats sur la place du travail dans notre société ont un caractère paradoxal. On vante les potentialités de la technique ou on dénonce la domination techniciste, mais on affirme, pour s'en inquiéter ou s'en réjouir, la disparition inéluctable du travail. La technique se serait donc émancipée du travail ?
Abordant le travail par l'étude concrète des activités productives, cet ouvrage se penche sur la fonction de surveillance-contrôle dans les usines chimiques et nucléaires. Il pose des questions simples : Que font les hommes dans un contexte productif très automatisé ? Comment assurent-ils la continuité du flux productif et la sécurité des installations ? En somme, comment travaillent-ils ?
Les formes de l'activité productive dans ces industries contredisent les représentations communes du travail, celles qui le réduisent à une dépense de force ou à une contrainte sociale. Aussi, l'étude minutieuse de cette configuration industrielle permet d'interroger les transformations contemporaines du travail, bien au-delà du cas de ces secteurs.
Écrit dans un langage clair, illustré de nombreux cas concrets et verbatims d'enquête, cet ouvrage devrait intéresser les étudiants en sciences sociales comme les élèves ingénieurs, mais aussi les professionnels confrontés au quotidien avec les nouvelles logiques productives.
This volume takes a close look at monitoring activities in chemical and nuclear industrial processes.
The authors document the day-to-day work in these sectors, asking simple questions: What are workers actually doing in a highly automated plant? How do they ensure that production is continuous and that the plant is safe? How do they combine their work on the facility itself and their remote work in the control room? How is the work of employees organized, given that their tasks cannot be consistently determined in advance?
The analysis shatters the image of labor as physical toil or as a social constraint As such, this detailed study of these industrial configurations gives us tools to question the changes underfoot in our work environments, far beyond nuclear and chemical plants.
This book is written in clear, direct language, and includes numerous concrete examples and verbatim quotes from the authors' fieldwork. It is intended for social science and engineering students, as well as for professionals who are confronted on a daily basis with these new ways of organizing production.