« Deux kilos deux c'est le poids d'abattage des poulets. Au-delà, l'état du poulet devient lamentable et finit en filets. C'est une quantité, et c'est bien de cette façon que le monde productiviste procède, par chiffres, normes et procédures. ».
Dans une région isolée de Belgique, les Hautes Fagnes, une tempête de neige s'abat les bois, les landes et les villages. Elle recouvre tout et maintient les hommes dans le silence et dans l'attente.
Sully, un jeune inspecteur vétérinaire, débarque là pour mener un contrôle dans une exploitation avicole. Il y a eu des plaintes, des soupçons. Sully cherche des réponses auprès des habitants et des exploitants agricoles. Pendant son enquête, il trouve souvent refuge dans un diner où travaille Molly, belle et bouleversante, et Paul, le patron qui lit Walt Whitman, cuisine le poulet comme personne et semble toujours attendre que quelque chose arrive. Chaque rencontre compte, conjure le temps, promet un autre avenir.
Deux kilos deux est un western, une enquête, une réflexion sur la condition animale et sur la condition humaine, c'est aussi une histoire d'amour.
La dimension politique des études visuelles, entre études francophones et studies anglo-américaines.
Les études visuelles francophones ont l'avantage de leur faiblesse : non « labellisées » et distribuées entre historiens, historiens de l'art, anthropologues, sociologues, spécialistes des médias, elles n'ont pas à subir l'interrogatoire sourcilleux et sans fin auquel les chercheurs anglo-saxons soumettent la visual culture pour avoir été portée au rang de champ (de studies), avec ses revues, ses programmes, ses débats à double fond, selon la même mécanique que le genre, le postcolonial ou les sciences. Là où, dans le monde anglo-américain, les disciplines se sont comme retrouvées précipitées dans l'arène étroite bien que vertigineuse de l'image, du visuel et du regard, sur le « continent », le dialogue entre les disciplines traditionnelles aura su jouer à plus grande échelle son rôle critique et inspirant.
Cet ouvrage contient l'un et l'autre de ces destins scientifiques et met l'accent sur leur dimension « politique ». Car si nous avons bien affaire à un cousin venu d'Amérique, la réunion de famille ne va pas de soi. Le fauteur de troubles pour certains affiche de surcroît un certain engagement. Le politique est bien cet « autre » des sciences continentales des images qui, en réinscrivant le chercheur dans la cité, lui demande sans doute plus de perspicacité et de pratique que la sainte neutralité de principe professée aux étudiants. La dimension la plus ambitieuse des approches américaines, résultat croisé des cultural studies britanniques et de la French theory, n'est cependant pas une importation : le politique est l'une des figures fécondes du passage de l'étude des images comme représentation à celle des images comme agent social performatif, incluant les arts (de faire voir) et le puits historique d'où sort la pensée démocratique du visible.
Avec des essais de Gil Bartholeyns, Mathias Blanc, Maxime Boidy, Rémy Besson, Gaby David, Ralph Dekoninck, Pierre-Olivier Dittmar, Daniel Dubuisson, Thomas Golsenne, André Gunthert, Carl Havelange, Gianni Haver, Pierre Lagrange, Audrey Leblanc, Arnaud Maillet, Nicholas Mirzoeff, Morad Montazami, Magali Nachtergeal, et la traduction par Isabelle Decobecq du questionnaire d'October avec : Svetlana Alpers, Emily Apter, Carol Armstrong, Susan Buck-Morss, Tom Conley, Jonathan Crary, Thomas Crow, Tom Gunning, Michael Ann Holly, Martin Jay, Thomas Dacosta Kaufmann, Silvia Kolbowski, Sylvia Lavin, Stephen Melville, Helen Molesworth, Keith Moxey, D. N. Rodowick, Geoff Waite, Christopher Wood.
Pourquoi une image choque-t-elle ? une réponse s'élabore au fil des pages autour du concept de montage : agencement des regards et des lieux, des figures et des temps.
La méfiance croissante face aux images du mal, la naissance de l'émotion pornographique, l'émergence du graffiti contestataire, la destruction d'images par l'autorité qui les a commandées, l'élaboration savante de l'inimaginable : autant de phénomènes qui éclairent la transformation du rapport aux images en occident. transgression et image forment ici un couple dont l'histoire est mise en perspective avec le présent.
Ce faisant, c'est la croyance en un pouvoir des images qui est décryptée.
Grille-pain, machine à coudre ou à laver... Chaque foyer occidental posséderait une centaine d'objets techniques. Ces objets qu'on utilise sans savoir comment ils fonctionnent, ce livre propose de les ouvrir. De retirer leur carrosserie. De regarder de quoi ils sont faits. Chacun porte sa part d'insolence et de design, d'improvisation et de standardisation, de conformisme et de détournement...
Ils incarnent une histoire de l'ordinaire, nichée au coeur du quotidien.
Au grand récit des innovations, trop souvent ethnocentrique et progressiste, nous préférons les mains qui apprennent. À l'histoire héroïque du chemin de fer ou de l'atome, nous proposons de substituer la description de familles agglutinées autour du poste de télévision ou le désir plus récent de « faire soi-même ». Toute une série de pactes curieux entre kes hommes et les objets se dévoilent alors. L'électricité sert d'abord à allumer les bougies. Les premiers ascenseurs ont l'allure de chaises à porteur. En Afrique centrale, porter une montre cassée était une façon de refuser le temps du colon.
Ce petit livre propose au lecteur d'ouvrir les yeux sur le monde matériel qui l'entoure. De réapprendre, en un sens, à se demander pourquoi les choses sont telles qu'elles sont.
Quand et comment les images sont-elles entrées dans la maison ? Quel était leur rôle dans la vie de tous les jours ? Comment cette histoire rencontre-t-elle notre présent que l'on dit saturé d'images ? De la fin du Moyen Âge aux réseaux sociaux numériques, les images ont été profondément "domestiquées". Présentes dans les palais et les églises, elles sont entrées progressivement dans les maisons des villes et des campagnes. La diversité de ces images est telle que notre perception de l'époque s'en trouve bouleversée. Certaines protègent les lieux, d'autres servent d'aide-mémoire ou de support à la prière, la plupart des décors sont des signes de prestige. La demeure devient une extension du soi individuel et collectif.
Alternant essais et études de cas abondamment illustrées, les auteurs proposent un premier jalon d'une histoire sociale et intime des images, en s'attachant aux décors et aux signes qui - présentés ici de l'extérieur vers l'intérieur - exprimaient la culture et l'identité des habitants mais aussi des familles et des réseaux de connaissance. L'histoire de la personne et l'histoire des images trouvent dans la maison un lieu de rencontre plein de surprises. Vue depuis notre XXIe siècle dit "connecté", c'est incontestablement à la fin du Moyen Âge qu'a commencé notre cohabitation avec les images.