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Eric Chevillard
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L'autofictif travaille son dribble en forêt
Eric Chevillard
- L'Arbre Vengeur
- 10 Janvier 2025
- 9782379414091
Inspiré par ces hôtels Vialatte, à Clermont-Ferrand, ou Flaubert, à Rouen, entièrement dédiés à un écrivain, avec exposition de photos et de livres dans le hall, citations inscrites sur les murs des chambres et le linge de lit, j'envisage d'ouvrir prochainement un Hôtel Chevillard qui garantira à sa clientèle un verre de bienvenue à moitié vide, la compagnie nocturne d'un hérisson et le raffinement de cauchemars inédits.
L'Hôtel Kafka, en revanche, a dû fermer après quelques semaines. On s'y réveillait transformé dans son lit en une abominable vermine. Le bouche-à-oreille a été fatal à l'établissement.
Bienvenue à l'Hôtel Éric Chevillard, 16 € la nuitée, l'hôte vous y recevra, en crampons, avec tous les égards dus à l'équipe de ses lecteurs les plus fidèles, des gens qu'on n'endort pas comme ça...
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«Chiens écrasés» est l'appellation humoristique donnée à la rubrique des journaux consacrée aux faits-divers anodins. Dans ses célèbres Nouvelles en trois lignes écrites en 1906 pour le journal Le Matin, Félix Fénéon avait transformé ce degré zéro du journalisme en littérature de haute volée. Eric Chevillard reprend le flambeau: prenant l'expression chiens écrasés au pied de la lettre, il assassine, à chaque page, un clébard innocent. Maniant l'art de l'ellipse avec délice et cruauté, Chevillard livre un exercice de style affreusement drôle, à lire et relire à tous les âges! Le livre est illustré de onze gravures de J.J Grandville tirées des Scènes de la vie privée des animaux (1842), et la mise en page très soignée comporte quelques calligrammes et autres jeux typographiques.
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Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son carnet secret, ce n'est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu'il contient. D'après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu'au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d'or, ce récit devient le journal d'une quête éperdue.
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« Il m'a été confié et j'ai accepté de le garder en observation. On aura estimé à juste titre que j'étais le seul qualifié pour mener à bien cette étude. Il est maintenant là, devant moi, étrangement mobile, brûlant d'on ne sait quelle ardeur. Curieux sujet, décidément. Je vais prendre bien soin de lui. ».
É.C. -
L'autofictif sans égards pour le lecteur sensible
Eric Chevillard
- L'Arbre Vengeur
- 5 Janvier 2024
- 9782379412349
"Lisse et sans saveur, se dit le sensitivity reader en caressant une tomate avec un plaisir évident et déjà même un début d'érection, les maraîchers ont dix ans d'avance sur les écrivains ! Mais la littérature parviendra bientôt à une telle perfection, on peut compter sur moi..." Et quand je n'écris pas, ce sensitivity reader juge avec une grande sévérité mon silence qui serait, je le cite, une véritable insulte faite à tous les malheureux réellement affligés de mutisme.
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On se croyait quitte de ces sornettes, pour parler franc. L'enfance est derrière nous. Et le conte du vaillant petit tueur de mouches est une vieille histoire. Or voici qu'un écrivain prétend soudain devenir l'auteur conscient et responsable qui fait défaut à celle-ci, enfantée négligemment par l'imagination populaire, soumise à tous les avatars de la tradition orale puis recueillie en ce lamentable état par les frères Grimm au début du XIXe siècle. Il a des ambitions. Il compte bien élever le frêle personnage qui en est le héros au rang de figure mythique. Noble projet, mais quel est-il, ce héros, le vaillant petit tailleur ou l'écrivain lui-même ? Dans un monde fabuleux, peuplé de géants et de licornes, cette dernière hypothèse pourrait être moins extravagante qu'il n'y paraît.
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Nous sommes le 5 novembre 2019 et je m'apprête à passer la nuit seul dans la Grande Galerie de l'Évolution du Muséum d'Histoire naturelle de Paris.
Cette perspective est-elle si effrayante ? Je n'ai pas l'intention de laisser ma peau aux taxidermistes du muséum ! Ils ont assez à faire avec l'éléphant de mer. Je suis sans doute le seul de la bande au contraire qui ne risque rien dans les heures à venir. Sont réunies ici les conditions de la plus parfaite sérénité. Ces toisons soyeuses, ces pelages, ces peluches... n'est-ce pas ce qui depuis toujours rassure l'enfant craintif dans le grand vide noir de la nuit ?
Cette nuit dans la grande galerie, Éric Chevillard la passera plus précisément dans la salle des espèces disparues et menacées. Et si triste est le constat du regroupement de ces deux populations, le lieu, effrayant, exotique, fantasmagorique est plus que propice à l'écriture.
De déambulations en contemplations, l'auteur en vient à s'imaginer sauveur de ces mondes perdus. S'ensuivent des pages sublimes et virevoltantes dans lesquelles il tente de faire revenir à la vie des animaux disparus, notamment un oeuf de vorompatra,, grand émeu volatilisé depuis trois siècles, uniquement par la force d'invocation d'un poème. Car « Pour ressusciter les espèces éteintes, mieux que l'incertain clonage cellulaire, ne serait-il pas judicieux de s'en remettre à la poésie ? ».
Emporté par l'incroyable élan de ce livre, le lecteur ne pourra que tomber d'accord.
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Les absences du capitaine Cook
Eric Chevillard
- Éditions de Minuit
- Roman Francais Minuit
- 25 Janvier 2001
- 9782707317346
De James Cook, dont le navire The Adventure quitta Plymouth pour les mers australes le 13 juillet 1772, qui découvrit la Nouvelle-Zélande et Tahiti, navigateur infatigable et digne de Napoléon pour l'esprit de conquête, affichant d"ailleurs le même petit air fat et borné, il ne sera pour ainsi dire pas question dans ce livre, comme son titre très honnêtement nous en avertit. C'est jouer franc jeu. En revanche, comme partout où le capitaine Cook n'osa s'aventurer par crainte de trop grands périls, on y rencontrera notre homme, curieux personnage, comme chez lui dans ces contrées où tout peut arriver : deux femmes naître attachées par les cheveux et traverser l'existence ainsi sans se soucier l'une de l'autre, un vieux préhistorien perdre la mémoire de tous les événements postérieurs au paléolithique, ou encore un ermite distrait périr par noyade dans les sables du désert.
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Demandez à Ski ce qu'on disait l'autre jour chez Chevillard, à deux pas de nous, quand vous êtes entré dans ma loge. (Proust, La Prisonnière) On oublie un peu que Chevillard avait trouvé sa place dans la Recherche de Proust. Il n'était que temps de voir l'auteur de L'Autofictif rendre la monnaie de sa pièce au grand écrivain dont on célèbre un centenaire en 2023.
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Monotobio plutôt que Mon autobio, avec quatre O comme quatre roues bien rondes, car il s'agit de ne pas traîner. Nul temps mort dans nos vies, le train des conséquences ne ralentit jamais, tout s'enchaîne selon la logique impérieuse du destin. Nous rencontrons ici un écrivain éperdu, aux prises avec son autobiographie. Peut-il se permettre de passer sous silence les plus menus incidents de son existence ? Chaque instant compte. La seconde où il a marché sur sa balle de ping-pong, celle où il a caressé un zèbre ... S'il tait ces épisodes, la trame de son récit ne risque-t-elle pas de se défaire ? Et si tout était écrit avant d'être vécu, que lui reste-t-il maintenant à inventer ?
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Certes, à première vue, tout laisse à penser que Palafox est un poussin, un simple poussin puisque son oeuf vole en éclats, un autruchon comme il en éclôt chaque jour de par le monde, haut sur pattes et le cou démesuré, un girafon très ordinaire, au pelage jaune tacheté de brun, un de ces léopards silencieux et redoutables, volontiers mangeurs d'hommes, un requin bleu comme tous les requins bleus, assoiffé de sang, en somme un moustique agaçant de plus, avec sa trompe si caractéristique, un éléphanteau banal, mais bientôt on se prend à en douter. Palafox coasse. Palafox nous lèche le visage et les mains. Alors nos certitudes vacillent. Penchons-nous sur Palafox.
Éric Chevillard -
Les tortues de Floride élevées en aquarium ne sont pas tout à fait des cailloux. Elles ont donc besoin d'eau et de nourriture pour vivre. C'est ce que découvre le narrateur de cette histoire, de retour chez lui après un mois d'absence. Il croyait la sienne plus endurante, mais la carapace décalcifiée de la petite Phoebe se fend sous son pouce. Par ailleurs, alors qu'il s'employait à réhabiliter en la signant de son nom l'oeuvre de Louis-Constantin Novat, écrivain ignoré du XIXe siècle, cette généreuse initiative se trouve soudain menacée. Or la forêt des mystères n'abrite pas que des crimes : les deux mésaventures pourraient bien être liées.
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C'est sur l'abrupte côte normande chère à Flaubert et Maupassant, aux environs d'Étretat, qu'Éric Chevillard, poète aux semelles de glu, comme il se désigne, a décidé d'affronter enfin sa peur du vide. C'est que l'on ne peut impunément se laisser traiter par sa fille de craintif des falaises sans réagir. Qu'est-ce d'ailleurs que cet animal ? Un quadrupède gauche et titubant qu'une malédiction a fait naître sur les crêtes où il ne sait pourtant que défaillir. Par bonheur, l'auteur a la main plus agile et plus ferme que le pied et il se fait le conteur de son martyre inavouable, aidé dans sa quête de vérité par tous les écrivains qui l'ont précédé sur les sentiers à risque.
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LUI - Et donc, mesdames messieurs, les lettres que vous voyez assemblées sur cet écriteau forment le mot tapirs. Contrairement aux lettres T.A.M.A.N.O.I.R.S. qui, malgré un bon début et même un excellent départ, échouent dans leur tentative. Leur effort n'est pas absolument vain cependant et les trois dernières comme les deux premières ne détonneraient pas dans le mot tapirs, c'est vrai, elles ne dépareraient pas le mot tapirs. Mais entre celles-ci et celles-là, hélas, il s'en trouve quatre autres, observez bien, le M, le A, le N et le O qui sont tout à fait déplacées, tout à fait hors de propos pour ne pas dire saugrenues, qui infléchissent considérablement le sens, qui le faussent, avouons-le, si bien que le mot formé finalement désigne tout autre chose que nous, nomme une autre réalité, une autre bête, car enfin, combien de fois faudra-t-il vous le dire...
ENSEMBLE - Nous ne sommes pas des tamanoirs !
LUI - Nom de Dieu !
Crabes, punaises, hérissons, orang-outans ou, plus récemment, tortues, l'animal fait partie de la panoplie littéraire d'Eric Chevillard. Indiscrète plongée au coeur du zoo, ces dix-huit dialogues d'animaux, qui agissent à la fois comme loupe et miroir, révèlent autant qu'il auscultent : nous voici scrutés par un verbe vicieux...
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Défense de Prosper Brouillon
Eric Chevillard, Jean-François Martin
- Noir Sur Blanc
- Notabilia
- 14 Septembre 2017
- 9782882504845
Ce livre se présente à première vue comme une exploration de l'oeuvre merveilleuse d'un écrivain répondant au nom de Prosper Brouillon dans le but d'en faire l'éloge ; mais ce n'est qu'un déguisement :
Il s'agit en réalité d'un féroce réquisitoire contre une certaine littérature institutionnalisée, pantouflarde et satisfaite d'elle-même. Qu'en est-il quand on y regarde de plus près ? Voilà à quoi répond Éric Che- villard dans ce livre aussi jouissif et frais que caus- tique et assassin. Prosper Brouillon est le nom donné à l'ensemble des écrivains chez qui ont été collecté les phrases, exemplaires, à partir desquelles Chevil- lard s'est amusé à reconstruire un faux roman déli- rant. Fruit de la collaboration au journal Le Monde entre Éric Chevillard et Jean-François Martin, qui en illustre le Feuilleton tous les quinze jours, ce livre comprend également une vingtaine d'images qui viennent ajouter un supplément de sens et d'humour à l'ensemble, pour un résultat des plus savoureux.
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Voici venue l'heure du verdict, l'heure des révélations. Albert Moindre est mort et il découvre l'au-delà, ce qu'il en est, ce qui s'y passe. Sommes-nous vengés ? Sommes-nous punis ? À quoi ressemble le Royaume des cieux ? Ce témoignage de première main apporte des réponses à nombre de nos interrogations anciennes. On le lira si ces questions nous tourmentent, pour être fixés une bonne fois.
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Mourir m'enrhume
Eric Chevillard
- Éditions de Minuit
- Roman Francais Minuit
- 1 Octobre 1987
- 9782707311412
Monsieur Théo était né pour mourir comme d'autres naissent pour danser ou pêcher la baleine. L'heure a sonné, enfin, après quatre-vingts ans, où il va pouvoir donner sa mesure. Chassé de son domicile, il trouve refuge chez Suzie Plock, veuve de son vieil ami Martial Plock, un imbécile. Là, il reçoit parfois la visite de Lise, petite complice délicate de son agonie, qui confond céleri et salsifis comme tout le monde.
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L'homme qui nous livre ici son témoignage porte en permanence et très naturellement une chaise retournée sur la tête, ce qui lui vaut depuis toujours bien des déboires et des railleries, mais aussi, tout à coup, l'enviable privilège de plaire à Méline. Celle-ci l'invite même à s'installer chez elle avec ses vieux amis. Cependant, l'envahissante présence des parents de la jeune fille les oblige à se transporter au plafond, où les conditions de vie se révèlent d'ailleurs excellentes et en tout point meilleures qu'au sol. On se demande alors pourquoi Méline hésite à les rejoindre là-haut.
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Puis il inventa l'écriture. Dès lors, impossible de reculer : l'homme entra dans l'Histoire. Mais il serait faux de croire que tout a commencé pour lui ce matin-là. Depuis longtemps, l'homme s'activait sur la Terre. Moins doué pour la vie de tous les jours que les animaux, ses voisins, bisons, chevaux, mammouths, dont la paisible assurance et le sens pratique l'impressionnaient fortement, il en fit les héros de ses fresques rupestres ? grandes figures éternelles, déjà vieilles de vingt ou trente mille ans, que l'on ne saurait donc comparer sans sourire à nos récentes peintures sur toile, démodées avant d'être sèches.
La grotte de Pales s'ouvre ainsi sur un réseau de galeries richement ornées. On la visite. Le narrateur de cette histoire, quand elle commence, vient justement d'être nommé au poste vacant de guide et gardien du site. Il tarde pourtant à prendre ses fonctions. Quelque chose le retient.
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Prosper à l'oeuvre
Eric Chevillard, Jean-François Martin
- Noir Sur Blanc
- Notabilia
- 17 Octobre 2019
- 9782882505897
Prosper Brouillon n'écrit pas pour lui. Il ne pense qu'à son lecteur, il pense à lui obsessionnellement, avec passion, à chaque nouveau livre inventer la torture nouvelle qui obligera ce rat cupide à cracher ses vingt euros.
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Oui mais moine en Caraïbe vous vous y voyez vous moine en Caraïbe, barbe et bure sous le soleil fixe au bord du lagon interdit, barbe et bure et tous ces fruits défendus, trop charnus, sur tout le corps bure et barbe sur le visage, oh évidemment vu comme ça mais pendant ce temps-là quoi de l'iguane en chartreuse ?
Qu'en serait-il des moines s'ils vivaient aux Caraïbes et des iguanes en Chartreuse ? Pourquoi les boeufs n'auraient-ils pas que trois pattes ? La mer cesse-t-elle d'ourler sur la sable une fois qu'on lui tourne le dos ? Autant de questions absurdes nées d'une imagination vicieusement fertile qu'explore Éric Chevillard dans une prose volubile.
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" en septembre 2007, sans autre intention que de me distraire d'un roman en cours d'écriture, j'ai ouvert un blog, quel vilain mot, j'ai donc ouvert un vilain blog et je lui ai donné un vilain titre, plutôt par dérision envers le genre complaisant de l'autofiction qui excite depuis longtemps ma mauvaise ironie.
rapidement j'ai pris goût, et même un goût extrême, à cet exercice quotidien d'intervention dans le deuxième monde que constitue aujourd'hui internet et à ces petites écritures absolument libres de toute injonction. mon identité de diariste est ici fluctuante, trompeuse, protéiforme. je me considère à mon tour comme un personnage, je bascule entièrement dans mes univers de fiction oú se rencontre aussi, non moins chimérique, le réel.
je ne m'y interdis rien, c'est le principe, ni la sincérité ni la mauvaise foi, ni même à l'occasion l'assassinat. ces pages pourront être lues ainsi comme la chronique nerveuse ou énervée d'une vie dans la tension particulière de chaque jour. ".
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On reconnaît le chevet de l'honnête homme à la présence discrète du dernier Autofictif. Pour peu qu'il les garde tous, l'équilibre est risqué et laisse entrevoir une possible chute. Car nous en sommes désormais à quatorze volumes, de quoi entrer dans les annales de la littérature française. L'avantage, c'est qu'on peut le prendre en cours de route, et sans permis. Bref, enfin démasqué, L'Autofictif nu sous son masque s'annonce comme le plus torride de la série, celui qui en dévoile plus que tous les autres, celui qu'il ne faut pas manquer sous peine de passer à côté d'un univers littéraire en expansion mais unique en son genre.
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L'île de Choir est un écueil de terre rude, hostile, inclément, et nous, ses habitants infortunés, de toutes nos forces nous le haïssons, nous le honnis-sons, nous le maudissons. Tous, nous rêvons de par-tir. Impitoyablement, nous sommes retenus par ses sables et ses boues. Il se raconte pourtant qu'un ancêtre, Ilinuk, né avec une difformité formidable, parvint à s'en arracher pour rejoindre le ciel. Un de ses anciens compagnons vieux comme l'orage et la cendre endort nos douleurs et calme nos plaintes avec le récit de sa vie prodigieuse. Ilinuk a promis de revenir nous chercher. Nous vivons depuis pour cette seule espérance. Et nous guettons son retour, ne cessant de scruter le ciel que pour haïr, honnir et maudire le sol de Choir.