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Eric Chevillard
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Si Ronce-Rose prend soin de cadenasser son carnet secret, ce n'est évidemment pas pour étaler au dos tout ce qu'il contient. D'après ce que nous croyons savoir, elle y raconte sa vie heureuse avec Mâchefer jusqu'au jour où, suite à des circonstances impliquant un voisin unijambiste, une sorcière, quatre mésanges et un poisson d'or, ce récit devient le journal d'une quête éperdue.
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Le Vaillant petit tailleur
Eric Chevillard
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 20 Janvier 2011
- 9782707321510
On se croyait quitte de ces sornettes, pour parler franc. L'enfance est derrière nous. Et le conte du vaillant petit tueur de mouches est une vieille histoire. Or voici qu'un écrivain prétend soudain devenir l'auteur conscient et responsable qui fait défaut à celle-ci, enfantée négligemment par l'imagination populaire, soumise à tous les avatars de la tradition orale puis recueillie en ce lamentable état par les frères Grimm au début du XIXe siècle. Il a des ambitions. Il compte bien élever le frêle personnage qui en est le héros au rang de figure mythique. Noble projet, mais quel est-il, ce héros, le vaillant petit tailleur ou l'écrivain lui-même ? Dans un monde fabuleux, peuplé de géants et de licornes, cette dernière hypothèse pourrait être moins extravagante qu'il n'y paraît.
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Son visage exprime une ferme résolution. Ses gestes sont brefs et précis. Sa main ne tremble pas. Il joue pourtant sa vie dans cette affaire. Il est écrivain et, ce soir, il se propose d'écrire son autobiographie. Sur sa table se trouve rassemblé tout le matériel nécessaire, du papier, un crayon, une gomme, un hérisson. Qui n'a rien à faire là, ce dernier, vous avez raison. Dont la présence incongrue est même un vrai mystère. Mais l'effet de surprise s'estompe vite. Place à la colère. Ce hérisson naïf et globuleux est une calamité. Si doué soit-il lui-même pour l'introspection vicieuse et le repli sur soi compulsif, il contrarie grandement et déroute l'ambitieux projet autobiographique de l'écrivain. D'où sort-il, ce nuisible animal, renifleur bruyant, hirsute, insaisissable, que cherche-t-il ici ? Que me veut-il ?
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« Quant à notre sens le plus central - notre sens de l'intervalle entre le désir et la possession de son objet, qui n'est autre que le sens de la durée - et qui se satisfaisait jadis de la vitesse des chevaux ou de la brise, il trouve que les rapides sont bien lents, que les messages électriques le font mourir de langueur. Les événements eux-mêmes sont demandés comme une nourriture. S'il n'y a point ce matin quelque grand malheur dans ce monde, nous nous sentons un certain vide. Il n'y a rien aujourd'hui dans les journaux, disent-ils. Nous voilà pris sur le fait. Nous sommes tous empoisonnés. » Préface d'Eric Chevillard.
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La Nébuleuse du crabe
Eric Chevillard
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 7 Septembre 2006
- 9782707319685
La première fois que Crab fut pris pour un éléphant, il se contenta de hausser les épaules et passa son chemin. La deuxième fois que Crab fut pris pour un éléphant, il laissa échapper un geste de mauvaise humeur. La troisième fois, enfin, devinant que ses ennemis avaient comploté de le rendre fou, il ceintura vivement l'insolent et l'envoya valser à dix-huit mètres de là... Tel est Crab, dont ce livre voudrait rapporter quelques gestes remarquables et que l'on verra ainsi avec un peu de chance plier le ciel comme un drap ou se tuer par inadvertance en croyant poignarder son jumeau, puis devenir torrent pour mieux suivre sa pente. À moins évidemment qu'il ne se terre plutôt tout du long dans son antre obscur, s'agissant de Crab, on ne peut rien promettre.
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Les absences du capitaine Cook
Eric Chevillard
- Éditions de Minuit
- Minuit Double
- 5 Mars 2015
- 9782707328663
De James Cook, dont le navire The Adventure quitta Plymouth pour les mers australes le 13 juillet 1772, qui découvrit la Nouvelle-Zélande et Tahiti, navigateur infatigable et digne de Napoléon pour l'esprit de conquête, affichant d"ailleurs le même petit air fat et borné, il ne sera pour ainsi dire pas question dans ce livre, comme son titre très honnêtement nous en avertit. C'est jouer franc jeu. En revanche, comme partout où le capitaine Cook n'osa s'aventurer par crainte de trop grands périls, on y rencontrera notre homme, curieux personnage, comme chez lui dans ces contrées où tout peut arriver : deux femmes naître attachées par les cheveux et traverser l'existence ainsi sans se soucier l'une de l'autre, un vieux préhistorien perdre la mémoire de tous les événements postérieurs au paléolithique, ou encore un ermite distrait périr par noyade dans les sables du désert.
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Cet écrivain aime sa chambre, sa table, sa chaise, dans la pénombre : on l'envoie en Afrique où sont les lions, dans le soleil. Que va-t-il chercher là-bas ? Un grand poème, dit-il. Ou ne serait-ce pas plutôt l'inévitable récit de voyage que tant d'autres avant lui ont rapporté ? On l'a lu déjà, et relu. L'auteur va prétendre que des indigènes l'ont sacré roi de leur village. Il aura percé à jour les secrets des marabouts et appris de la bouche d'un griot vieux comme les pierres quelque interminable légende avec métamorphoses. Le pire est à craindre. Par bonheur, l'aventure tourne court. L'hippopotame se cache. L'Afrique curieusement ne semble guère fascinée par le courageux voyageur. En revanche, celui-ci prend des couleurs : est-ce le soleil ou la honte ? Nous l'appellerons Oreille rouge.
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«Je veille auprès de Suzanne endormie. C'est étrange, sa ressemblance avec mon pied gauche. Je sais bien qu'un pied est un pied, que Suzanne est Suzanne, mais mon pied est plus proche de Suzanne que de moi. J'avais deux pieds. Suzanne m'a pris l'autre, il ne m'en reste qu'un. Je ne suis pas en train de me plaindre, au contraire. Est-ce que je ne donnerais pas mes deux pieds pour Suzanne ? Et puis la souffrance s'est apaisée. Oh, je ne suis pas dupe. Le mieux que j'éprouve est dû au sommeil de Suzanne, je m'en rends compte. N'empêche que j'y gagne. Je respire à petits coups par crainte de la réveiller. Il faut dire qu'elle est exténuée. Il y a de quoi. Comment a-t-elle réussi à supporter mon énorme masse de graisse ? Cela me dépasse. Je ne comprendrai jamais rien aux femmes. Il pleut.»
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Certes, à première vue, tout laisse à penser que palafox est un poussin, un simple poussin puisque son oeuf vole en éclats, un autruchon comme il en éclôt chaque jour de par le monde, haut sur pattes et le cou démesuré, un girafon très ordinaire, au pelage jaune tacheté de brun, un de ces léopards silencieux et redoutables, volontiers mangeurs d'hommes, un requin bleu comme tous les requins bleus, assoiffé de sang, en somme un moustique agaçant de plus, avec sa trompe si caractéristique, un éléphanteau banal, mais bientôt on se prend à en douter.
Palafox coasse. palafox nous lèche le visage et les mains. alors nos certitudes vacillent. penchons-nous sur palafox. e.c.
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Un jour, Gaston Chaissac a saisi un pinceau. Pour certains il était seulement un homme marginal, mais pour d'autres il était un artiste. Il a été reconnu après sa mort.
Personne ne l'avait compris.
Un jour Chevillard qui avait commencé à écrire a vu les peintures de Chaissac. Il lui a donné une voix. Il l'a fait vivre. Il en a fait un livre.
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L'Autofictif n'a aucun équivalent dans la littérature contemporaine : c'est un journal qui se construit au jour le jour, selon une règle simple, et qui paraît une fois par an à la même date. On y retrouve toute l'invention d'un écrivain en liberté avec la seule contrainte de trois courts textes par jour : délires, détours, regards, observations, vacheries, critiques, autocritiques, littérature, monde comme il va, c'est le maelström d'un créateur en ébullition qui s'offre à notre lecture amusée parfois hilare, reflet d'un quotidien que l'écriture magnifie et renouvelle sans cesse. L'Autofictif possède son cercle de fidèles qui pensent souvent qu'il s'agit de son plus grand projet. Le clin d'oeil aux cartels renvoie à l'improbable et authentique séjour mexicain de Chevillard le sédentaire.