« Il y a maintenant presque huit ans, je me suis retrouvée de façon inattendue éperdument amoureuse d'une chienne rouge piment que j'ai appelée Cayenne. » C'est en partant des gestes les plus ordinaires du quotidien et non pas de grands principes que Donna Haraway nous invite à penser notre relation aux espèces compagnes. Ces espèces avec lesquelles nous « partageons le pain », depuis les micro-organismes qui nous peuplent jusqu'aux animaux de compagnie. Cet enchevêtrement nous conduit auprès de bouledogues français à Paris, à des projets concernant les prisonniers du Midwest, à des analyses coûts-bénéfices dans la culture marchande autour des chiens, à des souris de laboratoire et des projets de recherche en génétique, sur des terrains de baseball et d'agility, auprès de baleines munies de caméras au large de l'Alaska, sur des sites industriels d'élevage de poulets, etc.
Il s'agit ici non pas de domestication, de contrôle ou de rachat de la dette mais de contact. Quelle est la valeur ajoutée du contact ? Que nous apprennent à sentir et à faire les « zones de contact » ? Loin de tout retour romantique à une rencontre sauvage, dénuée d'intérêts et de contamination biopolitique, prendre soin du contact entre espèces « entraîne » à un perpétuel zigzag entre ce qui nous affecte, nous rattache, nous rend interdépendants, simultanément robustes et vulnérables.
" la fin du XXe siècle, notre époque, ce temps mythique, est arrivé et nous ne sommes que chimères, hybrides de machines et d'organismes théorisés puis fabriqués ; en bref, des cyborgs.
Le cyborg est notre ontologie ; il définit notre politique. le cyborg est une image condensée de l'imagination et de la réalité matérielle réunies, et cette union structure toute possibilité de transformation historique. dans la tradition occidentale des sciences et de la politique, tradition de domination masculine, raciste et capitaliste, tradition de progrès, tradition de l'appropriation de la nature comme ressource pour les productions de la culture, tradition de la reproduction de soi par le regard des autres, la relation entre organisme et machine fut une guerre de frontières.
" ainsi parle donna haraway, professeure au department of history of consciousness, à l'université de californie à santa cruz. elle est l'une des personnalités qui ont façonné le champ de la théorie féministe et des science studies. ses textes traduits en plus de 16 langues en font une auteure incontournable de la scène intellectuelle internationale, penseuse de la postmodernité et des technosciences.
La plus grande partie de son oeuvre est encore inédite en français. bienvenue dans le monde étrange de donna haraway peuplé de cyborgs, hybrides, femalemen, oncomice, coyotes et autres monstres. il s'y déjoue les dichotomies anciennes : féminin / masculin ; nature / culture ; vivant / artefact. bienvenue dans le monde de donna haraway, ses fabulations sont les nôtres, nos pires craintes ou nos meilleures espérances ? a l'évidence, les cartes politiques pour l'invention de nouveaux espaces.
Cette anthologie propose les textes essentiels de donna haraway : cyborg manifeste, situated knowledge, teddy bear patriarchy, ecce homo, modest witness, race.
Sous la forme d'un pamphlet, la philosophe des sciences analyse les relations de coévolution, de cohabitation et de partenariat qui se sont tissées entre les hommes et les chiens à travers un ensemble de pratiques, depuis les premiers contacts de l'homo sapiens avec l'animal, jusqu'aux compétitions de sports canins.
Donna Haraway explore avec le Manifeste des espèces de compagnie la forme pamphlétaire qui sied si bien à son style à la fois ironique et férocement politique. Un texte court, bien mené, lisible, et qui devrait intéresser tous ceux qui possèdent un animal de compagnie. Pour le philosophe des sciences ayant consacré ses travaux aux questions politiques, épistémologiques et éthiques qui émergent de l'implosion du partage moderne entre nature et culture, " les espèces de compagnie rassemblent sous des formes inattendues humain et non-humain, organique et technologique, carbone et silicium, autonomie et structure, histoire et mythe, riches et pauvres, état et sujet, diversité et disparition, modernité et postmodernité, nature et culture ". Haraway, en cynophile avouée, concentre ici ses efforts sur les relations de co-évolution, de cohabitation et de partenariat qui se sont tissées entre les chiens et les humains à travers un ensemble de pratiques historiquement et culturellement situées, allant des premiers contacts de l'homo sapiens avec ce " loup civilisé " voici plusieurs milliers d'années, jusqu'aux compétitions de sports canins.
Face aux désastres entraînés par l'anthropocène et le capitalocène, il y a urgence à penser et agir différemment. C'est ce qu'Haraway propose de faire dans Vivre avec le trouble, en racontant d'autres histoires, en renouvelant notre rapport au temps et aux autres espèces.
Prenant ses distances avec toute forme de futurisme (du salut technologique aux discours apocalyptiques) elle explore ces temps troublants et troublés que nous vivons afin d'y déceler les possibles qu'ils recèlent. Épaissir le présent, favoriser l'épanouissement multispécifique, générer des alliances improbables et des « parentèles dépareillées » pour ne pas céder à l'effroi ou l'indifférence, voilà ce à quoi nous invite ce livre.
Habiter le trouble, avec Donna Haraway est un ouvrage collectif qui vise à contribuer à la réception francophone du travail récent de Donna Haraway. Ce livre rassemble un grand entretien avec la philosophe et croise des essais issus des champs des sciences humaines et de la philosophie.
Cet ouvrage tentent de situer les travaux d'Haraway dans les débats contemporains sur l'anthropocène et réinscrivent l'auteure dans une trajectoire théorique des luttes éco-féministes et pacifistes. Il propose également une série d'enquêtes consacrées à Fukushima, aux institutions psychiatriques, aux pratiques d'élevage et d'abattage..., s'inscrivant ainsi dans la démarche d'Haraway, et à la façon dont ses textes cultivent avec une égale ferveur l'imagination spéculative et l'attention passionnée au réel.
"The Companion Species Manifesto" is about the implosion of nature and culture in the joint lives of dogs and people, who are bonded in "significant otherness". In all their historical complexity, Donna Haraway tells us, dogs matter. They are not surrogates for theory, she says; they are not here just to think with.