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De(S)Generations
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DE(S)GENERATIONS n.19 : la part de la plèbe
De(S)Generations
- Jean Pierre Huguet
- De(s)generations
- 13 Janvier 2014
- 9782355752414
Dans un entretien avec Jacques Rancière pour la revueLes révoltes logiques, en hiver 1977, Michel Foucault disait ceci :
« il y a bien toujours quelque chose, dans le corps social, dans les classes, dans les groupes, dans les individus eux-mêmes qui échappe d'une certaine façon aux relations de pouvoir ; quelque chose qui est non point la matière première plus ou moins docile ou rétive, mais qui est le mouvement centrifuge, l'énergie inverse, l'échappée [.]. «La» plèbe n'existe sans doute pas, mais il y a «de la» plèbe. Il y a de la plèbe dans les corps, et dans les âmes, il y en a dans les individus, dans le prolétariat, il y en a dans la bourgeoisie, mais avec une extension, des formes, des énergies, des irréductibilités diverses. » Ce que Foucault désigne ici comme « part de la plèbe », et ce que d'autres auront conceptualisé, thématisé ou expérimenté selon des formules à chaque fois différentes, est ce que nous voudrions éprouver dans ce numéro. S'il s'agit dans un premier temps naturellement de penser les formes de visibilités et de pouvoirs structurant nos pensées, nos manières d'être et de faire, notre enjeu est surtout d'identifier le surgissement de cet « il y a » aux contours improbables. Ce sont donc des révoltes, des gestes, des attitudes, des scènes, des paroles, des manières de vie que nous souhaitons exhiber, les manifestations selon des formes irréductibles de puissances. Dès lors, il s'agira de voir comment la pensée négocie, identifie ou construit ces puissances, mais aussi comment cela se manifeste dans des pratiques, des usages, des vies.
Sommaire : Jacques Rancière : Le prolétaire et son double Alain Brossat : La part de la plèbe (Entretien avec Alexandre Costanzo & Daniel Costanzo) Véronique Bergen : Plèbes et soulèvements minoritaires Arlette Farge : Les intensités faibles (Entretien avec Alexandre Costanzo & Philippe Roux) Xavier Vigna : La violence dans les grèves ouvrières en France au XXe siècle De(s)générations : Les objets de Fabrice Gygi Jean-Marie Gleize : Une politique radicale Alexandre Costanzo & Daniel Costanzo : Les boussoles de la révolution
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DE(S)GENERATIONS n.23 : prévoir avec l'Afrique, agir dans le monde qui vient
De(S)Generations
- Jean Pierre Huguet
- De(s)generations
- 14 Juin 2015
- 9782355752568
Rédacteurs : Jean-Loup Amselle, Françoise Blum, Saïd Bouamama, Nidhal Chamekh, Abdelkader Damani, Jonathas de Andrade, Pierre-Philippe Fraiture, Marcia Kure, Joseph Tonda, Kwasi Wiredu, Arnaud Zohou Le titre de ce second numéro autour de l'Afrique semble proposer une lecture plus politique et prospective de notre sujet, par rapport au premier qui serait davantage historique et philosophique. Ne nous y trompons pas. Dans les deux livraisons, ces éléments s'imbriquent. Et leur parution simultanée indique notre volonté de tisser ces différentes dimensions.
Penser puis Prévoir avec l'Afrique sont aussi nés du constat de la mé-reconnaissance des influences mutuelles entre la France et l'Afrique, autant dans les champs du savoir que du pouvoir : proportion ridicule d'intellectuels venus du continent dans des postes universitaires de la métropole ; enseignement tardif, partial et a minima de l'histoire coloniale et postcoloniale, rareté des publications de travaux théoriques francophones issues des anciennes colonies, sans parler des traductions abordant ces questions.
Aimé Césaire, dans sa lettre de démission du parti communiste en 1956, soulignait la révolution copernicienne qu'il y aurait à faire dans les mentalités hexagonales empreintes de préjugés raciaux, de l'extrême droite à l'extrême gauche.
Soulignant ainsi, pour cette dernière notamment, l'efficacité redoutable quoiqu'implicite de l'idéologie dominante, touchant de plein fouet les partisans et intellectuels les plus engagés, rarement enclins à rafraîchir leurs ambitions émancipatrices aux expériences et conceptions révolutionnaires africaines, qui généralement ne les intéressent pas.
Ce n'est donc pas anodin si, en France, les questions africaines ont longtemps été traitées dans une cellule à l'Élysée et non au parlement, privant la population et le débat démocratique d'un pan pourtant décisif d'une réalité qui structure depuis de longues années la société française. Car oui, on ne peut rien comprendre à la politique française sans avoir un minimum de connaissance de sa politique africaine, ne serait-ce que par le fait de son financement substantiel par les réseaux africains.
Certes il y eut Fanon, plébiscité par Sartre, et d'autres exemples de mise en valeur ponctuelle d'itinéraires politiques ou exotiques, mais le fond n'est pas là. Il est dans un ostracisme culturel profondément ancré dans l'histoire et le caractère de notre pays, avec pour conséquence aujourd'hui sa lente implosion dans un vaste déni.
Arnaud Zohou
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DE(S)GENERATIONS n.25 : par-dessus bord
De(S)Generations
- Jean Pierre Huguet
- De(s)generations
- 11 Septembre 2016
- 9782355752650
Le numéro 25 de la revue De(s)générations part d'un geste simple, évident, nécessaire : congédier, jeter par-dessus bord les discours ou les principes politiques, symboliques et idéologiques qui définissent et soutiennent un monde pathologique. Ce faisant, il s'agit avant tout de proposer une autre description de la situation en regardant du côté de certaines luttes, en s'attachant à l'expérimentation de formes de vie, en revenant sur la chasse qui est faite aux pauvres ou en écoutant simplement la parole de quelques Rroms.
On pourra aussi s'attacher à l'histoire d'un berger tunisien ou à la façon dont Rosa Luxemburg regardait les arbres, les oiseaux ou des pierres tandis qu'elle était en prison. Avec des contributions, entre autres, de Véronique Bergen, Manuel Joseph, Grégoire Chamayou, François Cusset, Philippe Roux, Eric Hazan ou Alexandre Costanzo, on découvrira des paysages qui, certes, se contrarient, mais qui esquissent pourtant, dans une forme de solidarité ou de compagnonnage, les contours d'un horizon commun.
Editorial.
Ce que signifie «?la droite?», comme principe de gestion d'un pays, nous apparaît à tous comme étant relativement clair, comme est clair l'horizon politique, symbolique et idéologique qu'elle soutient. Mais qu'est-ce que «?la gauche?»?? Et quels sont au juste son rôle, sa fonction dans ce paysage?? En s'attachant notamment à ces quatre dernières décennies ou plus particulièrement au cours de ces dernières années, n'importe lequel d'entre nous peut tirer quelques conclusions simples, objectives, et du coup proposer une définition. La gauche, c'est la droite. Mais c'est la droite qui porte un autre nom : elle fait semblant. Si elle porte un autre nom, c'est parce que sa fonction historique a toujours consisté et consiste, aujourd'hui encore, à trahir en provoquant au passage toutes sortes de découragements. Inutile donc d'aller courir toujours plus à gauche ou bien alors un peu moins, ce qu'on appelle la gauche est tout simplement cet autre nom de la droite qui se propose de faire avaler aux pauvres le même monde avec, en supplément, le goût de la trahison. Une fois ce constat trivial établi, il ne nous reste donc plus qu'à la jeter par-dessus bord, et avec elle le monde pathologique qu'elle défend. Car il y a bien un moment où l'on ne peut plus croire ce qu'on nous raconte et où l'on ne veut plus être parlé par ces gens. Et c'est, en réalité, un moment heureux puisque nous devons alors compter sur nos propres capacités pour définir le monde.
Ce numéro 25 de De(s)générations, comme ce sera le cas pour celui qui va suivre, propose donc de congédier cet horizon pour assumer une autre description de la situation : en écoutant les paroles de quelques Rroms?; en revenant sur la chasse qui est faite aux pauvres?; en regardant du côté de certaines luttes, soulèvements ou l'expérimentation de nouvelles formes de vie?; en s'attachant à l'histoire d'un berger tunisien ou à la façon dont Rosa Luxemburg, il y a près d'un siècle, regardait les arbres, les oiseaux, des pierres ou le ciel tandis qu'elle était en prison. Ce faisant, nous pourrons partager d'autres évidences en commençant simplement par dire ce à quoi nous tenons. _Philippe Roux
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DE(S)GENERATIONS n.21 : des féminismes
De(S)Generations
- Jean Pierre Huguet
- De(s)generations
- 15 Janvier 2015
- 9782355752483
"Parce qu'il n'est pas légitime de penser l'émancipation, le peuple, les anonymes, la révolution sans penser conjointement la question des classes, des races, des genres et des espèces, parce que la logique de la domination joue toujours d'une classe, d'une race, d'un genre ou d'une espèce contre les autres, parce que plus de deux siècles après, il est impensable que les révolutionnaires d'aujourd'hui s'exclament encore «?les femmes après?!?», parce que refouler la nécessité de l'émancipation des femmes ne peut que susciter une forte suspicion sur le genre d'émancipation dont il s'agit, parce qu'il est temps, pour transformer le monde et faire monde commun, de penser l'amitié entre les femmes et les hommes, la communicabilité des genres entre eux ainsi que le rassemblement des forces vives, ce numéro 21 de De(s)générations est là pour souligner la nécessité, au risque de rendre tout désir d'émancipation théoriquement et pratiquement inconsistant, de penser ensemble les différentes émancipations afin de les associer dans la forme d'un combat commun.
Restent à inventer les formes que peut prendre ce rassemblement des luttes. Reste à inventer et à stimuler, au-delà de l'altérité et avec elle, la forme d'un désir commun. Restent à inventer les formes d'une émancipation des femmes qui excite de part et d'autre ce désir de l'en-commun. Reste à espérer que ce numéro y contribue.
Pour ce faire, le numéro 21 de De(s)générations propose, avec les photographies de Sophia Wallace et de Gilles Favier, les textes de différent(e)s auteur(e)s que l'on tentera de lire à travers les beaux mots d'émancipation et d'en-commun comme à partir d'un point d'Archimède anomal, géométral de plusieurs perspectives désirantes et pensantes qui, malgré leurs différences, se touchent ici dans la forme d'un désir où elles deviennent congruentes. " [Camille Fallen et Philippe Roux] Avec la participation d' Alain Badiou, Barbara Cassin, Olympe de Gouges, Camille Fallen, Cécile Mainardi, Catherine Malabou, Irène Pereira et Sophia Wallace.
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DE(S)GENERATIONS n.22 : penser avec l'Afrique
De(S)Generations
- Jean Pierre Huguet
- De(s)generations
- 11 Juin 2015
- 9782355752551
Rédacteurs : Magali Bessone, Jean-Godefroy Bidima, René Depestre, Souleymane ;Bachir Diagne, Nadia Yala Kisukidi, Anthony Mangeon, Achille Mbembe, Driss Ouadahi, Massinissa Selmani, Rashid Ali & Andrew Cross Et si, effectivement, nous y étions déjà ;? C'est fait : désormais il est clair pour chacun que la race est une illusion d'un point de vue biologique, une fabrication sociale autrefois utile, devenue aujourd'hui désuète. Et ainsi que tout individu « qui pense par lui-même en prenant pour objet de sa pensée l'expérience qu'il a de lui-même, des autres et du monde », qui s'informe et est conscient de la puissance et « des pièges que tend le langage »(1), que cette personne est un(e) philosophe, quel que soit son genre, son lieu, son époque. Son environnement fait qu'elle développe et parfois consigne sa pensée toujours singulière en Chine ou en Egypte au ive siècle avant notre ère, en Grèce au second siècle après J.-C., en Perse au Moyen Âge, en Prusse au xviie, à Saint-Domingue au XVIIIe, au Bénin ou au Pakistan à la fin du xixe, en Inde ou au Brésil aujourd'hui.
Désormais il est évident que toute pensée se construit à partir ou avec d'autres pensées, ne peut s'enrichir et frapper juste que si elle décide de ne plus s'enrouler de manière autoréférentielle jusqu'à l'étouffement, mais de faire un effort de re-connaissance permanent : une pensée qui questionne ses propres fondements certes, interroge ses processus ou chemins de connaissance, apprend à recevoir sans prétendre être la seule à pouvoir donner dans une dynamique de mise en dette de l'autre.
Alors pour célébrer cet avènement, Penser avec l'Afrique, donc. Entendre dans ces pages les voix de philosophes, de philosophies et de littératures qui sont nées, ont vécu ou ont pensé avec l'Afrique conçue comme un espace géographique, politique ou imaginaire, voix qui n'ont pas vocation à donner en miroir des leçons, ou prétention à renouveler nos systèmes fatigués, mais à participer pleinement aux débats et à la fabrication du monde qui vient.
Ainsi d'urgence, dans une France qui tend à devenir une province intellectuelle à force de se fermer sur elle-même, être de ceux qui continuent à réfléchir globalement, et, libérés du mépris et de la condescendance, accueillent et entrent en palabre avec toute source qui nourrit le grand fleuve de la pensée.
Arnaud Zohou