Un ingénieur, martin, a commis un meurtre et est en fuite.
Il marche sans but, dans une plaine à peu près désertique, et sans cesse sa marche est interrompue par des rencontres : arbre, oiseau, ruisseau. rencontres grâce auxquelles il commence à comprendre non pas qui il est, mais ce que fut sa vie jusque-là et ce qu'elle pourrait être, à comprendre notamment que son crime fut une libération pour lui. sa fuite le conduit à une fazenda dirigée par une femme, victoria.
Il devient garçon de ferme, cède aux avances d'une jeune veuve, ermelinda, et continue de réapprendre le monde.
Organisée par Pedro Karp Vasquez, cette nouvelle édition publiée au Brésil en septembre 2018 est le fruit d'un long travail de recherche dans des archives publiques et privées, mené par Larissa Vaz sous la direction de Benjamin Moser. Sont réunies ici plus de 120 chroniques inédites de la magicienne de la littérature brésilienne, à côté de celles parues dans La Découverte du monde (des femmes-Antoinette Fouque, 1995, traduction de Jacques et Teresa Thiériot), couvrant ainsi plus de trente ans de journalisme, de 1946 à 1977.
Sans fil conducteur apparent d'une semaine à l'autre, ces chroniques laissent entrevoir une artiste qui ne s'est jamais soumise aux normes habituelles du travail de journaliste. Elle aborde tous les thèmes, du plus intime au plus universel : de son rapport à l'écriture à la beauté féminine, en passant par la narration, vivante et souvent drôle, d'épisodes de la vie quotidienne qui acquièrent soudain, sous sa plume, une signification métaphysique. Elle écrit également sur d'autres écrivain·e·s, tel·le·s Gabriel García Márquez, Alberto Moravia ou son amie Nélida Piñón, et sur des peintres qui l'inspirent tels Giorgio de Chirico ou Paul Klee.
Les chroniques de Clarice Lispector constituent la matière première de ses livres. En grande créatrice indifférente aux genres littéraires, elle les retricote pour les intégrer dans ses nouvelles et ses romans, avec d'infinies variations, comme dans un écheveau de plus en plus dense.
Il est absolument fascinant et passionnant de s'y plonger sans jamais, cependant, en percer le mystère.
Clarice Lispector travaille « dans l'imprécision blanche de l'Intervalle », entre la vie et la vie. Ce premier roman est l'aventure de Joana, fille d'une mère « pleine de pouvoirs et de maléfices », indépendante, obstinée, le diable en personne, tôt disparue, et d'un père lointain et distrait. Joana, c'est la légèreté, l'amour - cette force en elle qui démasque les faux-semblants -, la liberté « même si elle est peu de chose au regard de ce qu'elle désire et qui n'a pas encore de nom »...
Renoncement, passion, révélation, illumination, transformation. Ces mots qui pourraient paraître présomptueux ou maladroits, Clarice Lispector en use avec une assurance et une humilité confondantes. Le miracle est qu'ils nous apparaissent comme les seuls aptes à rendre compte de la quête qu'elle a poursuivie de livre en livre, celle d'une vérité qui jaillit de la réconciliation de l'intelligence et du corps.
« Elle était si vulnérable. Se haïssait-elle pour cela? Non, elle se haïrait plus si elle était déjà un tronc immuable jusqu'à la mort, capable de seulement donner des fruits mais non de croître à l'intérieur d'elle-même. Elle désirait encore plus : renaître toujours, couper tout ce qu'elle avait appris, ce qu'elle avait vu, et s'inaugurer dans un nouveau terrain où le moindre petit acte aurait un sens, où l'air serait respiré comme pour la première fois. Elle avait la sensation que la vie courait épaisse et lente en elle, bouillonnant comme une chaude couche de lave. » C.L.
Près du coeur sauvage, premier roman de Clarice Lispector, publié alors qu'elle n'a que 23 ans, la fait immédiatement connaître du grand public tandis que la critique salue la naissance d'une grande écrivaine, la comparant à Virginia Woolf et à James Joyce.? Pour sa cinquième édition, ce livre est réédité avec une nouvelle traduction en décembre 2018.
« Il faut que je te dise une vérité. Cette vérité est que Laura a le cou le plus moche du monde. Tu t'en fiches n'est-ce pas ? Parce que ce qui compte, c'est la beauté intérieure. Toi, es-tu beau intérieurement ? Je parie que oui. Comment est-ce que je le sais ? C'est que je suis en train de te deviner. » C.L.
« Tu sais, Paulo, tu ne peux pas imaginer ce qui est arrivé à ce lapin. Si tu crois qu'il parlait, tu te trompes. Il n'a jamais prononcé un seul mot de sa vie. Si tu crois qu'il était différent des autres lapins, tu te trompes aussi. La vérité, c'est qu'il n'était qu'un lapin. Tout ce qu'on peut dire de lui c'est qu'il était un lapin très blanc. » C.L.
A lonely woman in Rio de Janeiro makes a connection that will change her life. Ulisses, a mysterious man, has penetrated her soul and turned her inside out. This is a devastating novel of the interior, of a woman yearning to love, of the ultimate unknowability of the other in a relationship, of the cosmic changes that enrich us and destroy us at the dawn of love.>
Pour souligner les trente ans de la disparition de Clarice Lispector (Ukraine 1920-Brésil 1977), voici la réédition revue et augmentée de Rencontres brésiliennes. Paru d'abord en 1987, ce livre accessible et vivant se visite comme un cabinet de curiosités : extraits d'entrevues accordées par la romancière à la presse de son pays, photos, lettres, fragments de nouvelles et de manuscrits parfois inédits. Conçu et réalisé par Claire Varin, Rencontres brésiliennes nous conduit à la rencontre d'une des grandes voix de la littérature du XXe siècle, d'une oeuvre qui a suscité l'admiration d'écrivains tels que Julio Cortazar, Alain Robbe-Grillet, Hélène Cixous.
Le sentiment de l'exil, l'étrangeté au monde, la mélancolie, que Clarice Lispector exprimait dans les Lettres à ses soeurs écrites de Berne où elle résidait dans les années 1940, sont la matière même de ses oeuvres et se retrouvent dans les nouvelles lues par Fanny Ardant.
«Ce qui était arrivé à Ana avant d'avoir un foyer était à jamais hors de sa portée: une exaltation perturbée qui si souvent s'était confondue avec un bonheur insoutenable. En échange elle avait créé quelque chose d'enfin compréhensible, une vie d'adulte. Ainsi qu'elle l'avait voulu et choisi.
La seule précaution qu'elle devait prendre, c'était de faire attention à l'heure dangereuse de l'après-midi, quand la maison était vide et n'avait plus besoin d'elle, le soleil haut, chaque membre de la famille réparti selon ses fonctions. Regardant les meubles bien astiqués, elle avait le coeur serré d'un léger effroi, mais elle l'étouffait avec cette habileté même que lui avaient enseignée les travaux domestiques.» Clarice Lispector