L'ensemble des articles de ce numéro permet de poser à nouveaux frais les questions de la singularité du modèle économique soviétique, insistant sur la dimension chaotique, expérimentale et créative de la réalité matérielle soviétique.
L'économie soviétique était en proie tant à la pénurie, à l'injonction productiviste et à des tentatives de mises en cohérence, de mise en lisibilité à travers les instruments de la planification ou l'utilisation d'indicateurs qui se heurtèrent à la réalité sociale et au quotidien des Soviétiques.
Ce travail se situe donc à la charnière d'une histoire économique, sociale et culturelle, s'intéressant aussi à la question de l'intégration de l'économie soviétique au marché mondial.
Ces vingt dernières années, l'étude de l'orthodoxie a connu une évolution rapide, comme en témoigne le nombre impressionnant de travaux publiés en Russie et, dans une moindre mesure, en Ukraine. Les historiens d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord sont de plus en plus nombreux à s'intéresser à cette question.
Le xvii e siècle fut une période de changements importants qui ont varié selon les zones géographiques mais, presque partout, on a observé l'impact de la culture religieuse occidentale, catholique ou protestante. Ainsi, si l'émergence des vieux- croyants en Russie semble essentiellement résulter de la conjugaison de différents courants à l'intérieur du pays, l'évolution de l'orthodoxie dans les Balkans et en Ukraine est liée à l'adoption des normes culturelles et éducatives occidentales par le clergé orthodoxe éclairé.
Ce numéro permet d'élargir le champ couvert par ces études en encourageant la recherche sur les institutions (y compris le clergé à tous les niveaux), les écrits ortho- doxes et leurs auteurs, et l'orthodoxie au quotidien, telle qu'elle était vécue, mais aussi de situer l'orthodoxie en Russie dans un espace plus vaste qui inclue l'Ukraine et les Balkans orthodoxes sous la domination ottomane et vénitienne.
Ce dossier entend étudier l'économie russe/soviétique par le prisme des pratiques semi légales de ses acteurs, c'est-à-dire en partant d'une interrogation sur la manière dont les Russes/Soviétiques entreprenaient certaines actions économiques dans le contexte contraint de pénurie et en dehors les directives de la planification. À travers des études de cas se situant dans différents contextes historiques - sous le stalinisme, les années 1960 et les années 1970-1980 -, les auteurs suivent au plus près, comment des directeurs d'entrepôt, des associations caritatives ou des clubs d'amateurs s'approprient biens et marchandises pour les utiliser d'une manière détournée de leur usage premier.
Ce questionnement d'histoire matérielle, sur les parcours des objets et des mar- chandises se double d'une réflexion sur l'intention des acteurs sociaux et écono- miques. Les articles reconstituent leur perception sur la manière dont l'économie fonctionne réellement, en marge des circuits officiels. Faisant preuve de créativité, ces entrepreneurs se positionnent dans un système d'échanges hors les règles, mais répondant pourtant à un certain nombre de prescriptions morales. Le passage par une étude de cas, ou par l'épreuve de la micro-histoire, permet de faire émerger d'autres formes de rationalité économique et d'autres circuits d'échanges qui ont tout autant structuré l'histoire économique de cet espace que les régulations légales, réglementaires. Ces études demandent à être systématisées sur le long terme de l'histoire soviétique, voire de l'histoire russe.
L'idée de la "Sainte Russie" a accompagné et continue d'accompagner l'histoire de ce pays. Elle ne fut pas seulement l'inspiratrice d'oeuvres artistiques et littéraires ainsi que de productions idéologiques, elle se réalisa également dans des recherches savantes. Mais elle est si floue qu'elle permet, aujourd'hui plus que jamais, son auotreproduction dans des discours et des représentations qui vont, en Russie, du sermon religieux au slogan politique en passant par des manuels scolaires et des peintures historiques. Les historiens de la religion, de l'art comme du texte se sont efforcés de saisir la "Sainte Russie" dans sa longue durée.
Vers 1650. la Russie prend résolument position sur l'échiquier européen, où elle revendique le statut d'empire. à égalité avec celui des Habsbourg. C'est chose faite. ou à peu près, en 1730, au terme d'un long processus où jeu diplomatique, conflits armés, échanges culturels avec l'Occident et violentes révoltes à l'intérieur coexistent ou se succèdent. C'est cet ensemble d'événements, vus tantôt du côté de la Moscovie. tantôt du côté de ses voisins. qu'éclairent les articles réunis dans ce volume. Ils le font avant tout en s'attaquant aux stéréotypes, à l'aide parfois de sources inattendues, voire inconnues des spécialistes, comme les lettres de l'hetman cosaque Dorosenko au grand-vizir de la Sublime Porte ou l'unique exemplaire d'un pénitentiel prévu pour la confession du tsar. Russes xénophobes ? Peut-être, mais ce n'est pas ce qui ressort de la correspondance entre un marchand anglais et son professeur de russe. Nobles serviles ? Mais presque tous les auteurs de " projets " en 1730. rêvent d'une constitution analogue à celle de la Pologne-Lituanie. Les strel'cy insurgés défendent-ils la Vieille Foi ou réclament-ils, plus prosaïquement, leur solde ? Sur un point tout au moins le succès de Pierre le Grand est indéniable : l'isolement de l'ancienne Russie appartient désormais au passé.
ARTICLES.
Realizacija idei sud'i-sledovatelja v mirovoi justicii dorevoljucionnoj Sibiri.
Between science, politics and propaganda : Emmanuel de Martonne and the debates on the status of Bessarabia (1919-1920).
Forecasting fisheries : Prediction and the planned economy in the Interwar Soviet Union.
Legitimation through self-victimization : The "Uzbek cotton affair" and its repression narrative (1989-1991).
Voir, entendre, lire les procès de criminels de guerre et d'opposants politiques à l'Est.
L'intérêt pour les dissidents issus de l'Europe de l'Est a connu une trajectoire intéressante au cours des dernières décennies. Héros aux yeux des Occidentaux pendant la guerre froide, les dissidents soviétiques sont ensuite apparus comme un groupe marginal de la société soviétique et ceux d'Europe centrale ont souvent été canonisés en tant que héros nationaux et représentants de l'essence véritable d'une société donnée, prouvant ainsi qu'ils n'avaient jamais vraiment participé au projet socialiste, avant de passer à l'arrièreplan du paysage de la recherche.
Ce dossier entend servir les débats en cours sur les « dissidents » et leurs liens avec les visions politiques et les sociétés constituant le bloc de l'Est.
Dossier en trois grandes séquences autour de l'encadrement de la mémoire collective, des nouvelles missions civilisatrices sous Brejnev et de l'impact des rencontres avec les mondes étranges, de la science-fiction notamment.
Les Cahiers du Monde T'lIsse souhaitent remettre doublement en cause le « brejnévisme », à la fois comme incarnation de la « stagnation» et comme cadre temporel et spatial strictement borné, inadapté à l'étude des évolutions sociales, culturelles et économiques profondes qui amenèrent les bouleversements de la seconde moitié des années 1980 et l'effondrement de l'URSS." La revue Cahiers du monde T'lIsse aura ainsi en 2014, avec ces deux numéros doubles, exploré les transformations culturelles et sociales manifestes au-delà de l'ère brejnévienne.