Qu'est-ce que se sentir femme aujourd'hui ? L'opinion commune, fondée sur la différence des sexes, postule l'existence d'une « nature féminine » liée à la capacité d'enfanter. Contre cette conception régressive, cet essai percutant appelle à ne pas défaire ce que les générations précédentes ont conquis : à résister à la tentation de Pénélope. Car c'est à partir de l'expérience réellement vécue qu'on peut envisager un féminisme qui ne soit ni abstrait ni belliqueux.
Le désir et la liberté sont le moteur et l'horison de ce livre qui s'incrit contre les revendications identitaires et les préjugés. Trente-six brefs chapitres évoquant, entre autres, le cerveau des femmes, l'aliénation, la politique, la beauté des hommes, le non-désir d'enfant, la possibilité de la suspension des genres ou la prostitution, et sont autant d'invitations à réinventer sans cesse nos vies.
Il ne s'agit pas dans cet essai d'incriminer une nouvelle fois la sottise dans sa large existence, mais l'attitude de ces gens éclairés qui, ayant les moyens de s'informer et de se cultiver, sont pourtant victimes du préjugé, du lieu commun et de toutes sortes de travers intellectuels qu'ils contribuent à distiller dans l'opinion contemporaine.
En 36 brefs chapitres, La bêtise s'améliore aborde l'amour, la politique, l'économie, l'art, la morale, l'école, la langue, le désir, le bonheur, en mettant en scène un dialogue entre trois personnages : Gulliver, l'homme en colère, moteur de cette réflexion, son ami le narrateur, indulgent et curieux, et Clara, la fiancée du narrateur, qui tire plutôt la réflexion vers la philosophie morale.
Il n'y a pas de remède définitif au conformisme : on doit juste se montrer toujours vigilant et cet ouvrage veut y contribuer en étant un appel à la responsabilité intellectuelle. D'abord éloge de la liberté d'esprit, il aimerait nous mettre en garde contre la pétrification de la pensée qui nous menace à tout moment.
La dernière publication d'Henri Raynal, COSMOPHILIE. NOUVELLES LOCALES DU TOUT (2016) rappelle l'importance et l'opportunité de la parole littéraire et philosophique d'Henri Raynal.
Sa pensée, luttant contre la réduction univoque du sens et de toute doxa, exerce contre les fastes du nihilisme une puissance que Breton eût dite « magnétique », fondée sur le sentiment de la dignité de notre condition, et de « l'honneur d'être ».
En des temps de turbulences voire de détresse, l'auteur nous propose donc de porter haut une culture de la vie qui en passe par la richesse de l'étonnement, la réhabilitation des apparences, l'admiration de la réalité sensible et intelligible.
L'émerveillement, loin d'être l'antithèse de l'attitude scientifi que, la fonde et la prolonge. À la gratitude pour la prodigalité du monde, répond la générosité du geste esthétique et poétique vécu comme témoignage en faveur de l'existence dans son immanence.
Ce livre, à son tour, témoigne de la façon dont la sagesse d'Henri Raynal est saisie dans une écriture singulière, volontiers métaphorique et hyperbolique. Il fait rayonner cette pensée de la chance de vivre ; il fait résonner l'espoir de « retrouver l'océan ». Sa richesse vient de la diversité des approches suscitées par l'oeuvre d'Henri Raynal, à la fois essayiste, poète et critique d'art. La contribution d'auteurs issus de divers horizons - littéraires, philosophes, sociologues, artistes - permet de donner la mesure de l'oeuvre, et de rendre hommage, dans un geste de contre-don, à cet écrivain de l'honneur et de l'apostolat.