Sorti en France le 13 mars 1970, le film Les Choses de la vie ne quittera plus jamais la mémoire collective. L'accident de voiture, la roue qui se détache, le visage de Romy Schneider derrière sa machine à écrire, celui de Michel Piccoli, tendu et inquiet derrière son volant... autant de moments qui distillent une irrésistible magie.
C'est cet envoûtement que décrypte Arnaud Corbic dans cet ouvrage « étincelant », selon l'expression de Jean-Loup Dabadie, scénariste du film. L'auteur choisit un point de départ évident mais trop souvent oublié par la critique de cinéma actuelle : le film, rien que le film. En analysant chaque plan mythique, Arnaud Corbic met en lumière les intentions et les partis pris artistiques de Claude Sautet et de Jean-Loup Dabadie. Il accomplit le prodige de recréer la force troublante du long métrage, tout en le disséquant. Au fil des images et des mots, se dessine alors le portrait d'une oeuvre unique, à la fois profonde et populaire.
Pour percer le mystère des Choses de la vie et du cinéma de Claude Sautet, le texte d'Arnaud Corbic est suivi d'un entretien inédit avec Jean-Loup Dabadie, enregistré peu avant sa disparition, dans lequel celui-ci revient sur son art si subtil et singulier. Une sorte de testament cinématographique absolument passionnant.
« Comment le Christ peut-il devenir aussi le Seigneur des non-religieux ? Comment parler de Dieu sans religion ? » Et que peut bien signifier l'Évangile dans un monde devenu « majeur », où le christianisme en tant que religion instituée n'a presque plus de visibilité ? Telles sont les questions prophétiques que lança du fond de sa prison le pasteur Dietrich Bonhoeffer avant que les nazis ne l'exécutent en 1945. Arnaud Corbic retrace ici la « biographie théologique » de ce résistant de la première heure qui avait affirmé, face au pouvoir nazi : « Seul celui qui crie en faveur des Juifs a le droit de chanter du grégorien. » Les paroles de cet homme de foi qui sut aller jusqu'au bout de ses engagements, tant sur le plan de la pensée que sur celui de l'action, ont acquis une pertinence et une actualité encore plus grandes en ce début de XXIe siècle.
Aujourd'hui encore où l'on tend à séparer de manière trop abrupte philosophie et théologie, humanisme non religieux et humanisme chrétien, l'ouvrage d'Arnaud Corbic fait ressortir avec force la fécondité d'un questionnement et d'un éclairage mutuels et inattendus entre deux penseurs que beaucoup opposeraient a priori, non seulement au regard de leurs positions personnelles et intellectuelles, mais aussi au regard de leurs origines sociales et culturelles.
Autrement dit, faire dialoguer le penseur athée français, Albert Camus, et le théologien protestant allemand, Dietrich Bonhoeffer, relevait d'une gageure. Il faut donc souligner la réussite de cette entreprise et saluer l'audace intellectuelle d'Arnaud Corbic qui invite à relire Dietrich Bonhoeffer dans la conjoncture ecclésiale actuelle, autant qu'Albert Camus, parfois dédaigné par la philosophie universitaire française.
À l'intersection de deux trajectoires étonnantes, la pensée humaniste des deux hommes, engagés dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale, se trouve en consonance de manière surprenante.