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L'Employé du moi, 25 ans de création en bande dessinée
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Au sortir du confinement, Helena décide de s'inscrire sur une appli de rencontre. Ce qu'elle veut, c'est de la légèreté, s'amuser sans prise de tête! Tout se passe à merveille jusqu'à ce qu'elle se retrouve face à son quatrième rendez-vous : c'est évident, il lui plait. Qu'est-ce qu'elle pourrait lui dire? Un truc drôle ou plutôt un truc intelligent? Rentrer avec lui ou attendre la prochaine fois, histoire de se faire désirer un peu? Une chose est sûre, il faudra le revoir.
Oh Cupid nous invite dans l'intimité de l'autrice et nous témoigne avec autodérision comment séduction rime parfois avec vulnérabilité, excitation avec maladresse. Dans ce jeu de rôles ou personne n'est dupes, il s'agit de ne surtout pas tomber amoureux, Helena doit se montrer impassible tout en donnant l'impression d'être naturelle. Ses tentatives de plaire tombent tellement à plat qu'elle s'enfonce de plus en plus dans l'embarras. On le sait, l'entremise numérique peut parfois induire un certain nombre de désillusions et de relations sans lendemain. Avec le recul, elle s'autorise même à badiner avec l'amour. Helena Baumeister détonne avec sa façon bien à elle de rendre compte de ses émotions et sentiments à l'aide d'un style graphique aussi charbonné que vivant. Avec ce premier livre, la jeune autrice hambourgeoise avance une narration libérée sur la sexualité et l'amour d'aujourd'hui. -
Bastien a besoin de savoir le jour exact de sa mort. Il fait appel aux services d'un étrange laboratoire qui affirme qu'il devrait décéder le surlendemain d'une asphyxie alimentaire.
Depuis que sa copine a hérité de la collection d'arts premiers de sa grand-mère, rien n'est plus comme avant pour Miriam. Elle est prise d'irrépressibles démangeaisons et ce n'est là que le début de son calvaire
Barbara est autrice de bande dessinée. Un soir, elle pénètre dans le petit placard dissimulé derrière son bureau pour y découvrir une pièce dérobée sous les combles. Cette exploration va bouleverser son quotidien.
Chacun des trois chapitres des Contes de la Mansarde se déroule dans le même appartement, au septième et dernier étage d'un immeuble parisien, au cours de trois étés caniculaires. Dans ces histoires qui donnent la chair de poule, l'amour, souvent contrarié, tient toujours un rôle important. Et, si l'effroi apparaît par des manifestations du surnaturel, il se dissimule aussi dans les recoins de nos névroses modernes : dépression, solitude, obsession ou anxiété. Avec leurs récits macabres, Elizabeth Holleville et Iris Pouy évoquent les lectures de leur enfance, les contes de Perrault et de Marcel Aymé, les films de genres, autant que les bandes dessinées américaines de l'ère pré-comics code. -
C'est la rentrée ! Charlie et Anima ne se sont pas vues de tout l'été, elles se retrouvent juste avant le début des cours. Ces deux adolescentes s'aiment d'une passion candide et fusionnelle. Si l'une est assez exubérante et sauvage, l'autre est plus complexée et réservée. Deux personnalités atypiques qui partagent quelques difficultés lorsqu'il s'agit d'interagir avec leurs semblables. Et, le grand sujet du moment à l'école, c'est la «magie», qui permet de vivre des aventures fantastiques dans un monde secret mais dont personne ne maitrise véritablement les codes et les manifestations. Une chose est sûre, c'est qu'une fois qu'on y a pris goût, on a envie d'y retourner. Mais encore faut-il y prendre goût. D'emblée, les deux personnages réaliseront qu'elles ne sont plus tout à fait les mêmes qu'avant les vacances.
Sentimental Kiss est un récit qui défend une représentation positive de l'adolescence sans jamais en oublier les tumultes. Pour sa première bande dessinée, Camille Van Hoof dresse les portraits de « magical girls » aussi drôles qu'attachantes pour nous parler de l'acceptation de soi, de la découverte de la sexualité, du consentement et de l'adaptation dans un nouvel environnement. Sentimental Kiss se veut surtout émancipateur des injonctions sociales et propose d'autres chemins qui mènent à l'âge adulte. À travers ces différents possibles, l'autrice bruxelloise nous offre une romance résolument contemporaine. -
Un mystérieux dégât des eaux se repend dans le complexe aquatique d'un hôtel de luxe situé au coeur de la campagne scandinave. Dans ce décor extravagant, le liquide noir et visqueux s'écoule lentement dans les allées labyrinthiques et ruissèle le long des murs. Un client VIP exigeant disparait sans laisser de traces. Un séminaire d'entreprise tourne court. Un homme se perd en cherchant sa chambre. Deux amants se démènent pour échapper à l'horreur du quotidien. Un directeur égocentrique doute de lui-même. Des employés malmenés acceptent leur triste sort. De curieux inspecteurs viennent régler leurs comptes. Il y fait chaud et humide, la moiteur y est étouffante. La moisissure s'installe, et avec elle maladies de peau, hallucinations, fantômes, esprits malveillants, créatures hybrides et autres monstres morts-vivants. SPA est un récit cauchemardesque marqué par un humour grotesque et fantasque. Une danse macabre farfelue, aussi bien héritée du cinéma de genre que du manga d'épouvante. Un huis clos saisissant habilement conçu par Erik Svetoft, thaumaturge graphique et nouvel enfant maudit de la bande dessinée suédoise.
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Après une longue formation, Nova s'apprête à embarquer pour une mission scientifique sans retour possible. Confinée dans une fusée dernier cri, la jeune astronaute devra rejoindre la planète L31, située à 2,5 millions d'années-lumière de la terre. Un voyage qui lui prendra entre 20 et 50 ans.
Avant le grand départ, elle doit se plier à une ultime formalité exigée par l'agence spatiale. Elle doit se rendre à la fête d'adieu organisée en son honneur dans une somptueuse villa. Celle qui a toujours privilégié une vie recluse va devoir affronter ses trois seuls amis qu'elle n'a plus revus depuis bien longtemps. Les années ont passé, Ulysse, Yseult et Alan ont bien changé.
Avec ASTRA NOVA, Lisa Blumen revient avec un récit de science-fiction unique. Pour l'autrice d'AVANT L'OUBLI, le monde futur est ici encore un moyen détourné pour matérialiser des existences marginales. Cette fois, elles seront confrontées aux affres de l'éloignement et de l'individualisme. L'intrigue se construit au fil des apartés, des souvenirs du passé, de l'évocation des trajectoires bouleversées et solitaires des quatre personnages. Réalisé entièrement aux feutres, ASTRA NOVA est une histoire empreinte d'une nostalgie fugace, comme l'apparition soudaine d'une étoile filante dans la nuit. -
Violences sécuritaires, répartition inégalitaire, repli identitaire et désastres aux frontières ; la France d'aujourd'hui ressemble beaucoup trop à un véritable cauchemar. Pourtant, ce n'est que le début de cette sale histoire.
Alors que le pays connait des mouvements sociaux de grande ampleur, l'inimaginable va se produire. Quelque soixante-dix ans après sa mort, le Maréchal Pétain revient à la vie. Le zombie fraîchement ressuscité gagne la capitale pour rencontrer le président. Sidération! Les deux personnages, qui entretiennent quelques connivences, fusionnent en un monstre bâtard.
Leur unique dessin est d'imposer un ordre totalitaire à la société tout entière. Pour ce faire, ils peuvent s'appuyer sur une armada policière qu'ils viennent de transformer en phacochères vénères. Une poignée d'individus solidaires prennent alors le maquis pour organiser la résistance loin des villes. Une intrigue qui résonne particulièrement au regard du contexte politique actuel où la science-fiction rejoint, malheureusement trop souvent, la réalité. Cauchemar se déploie comme une dystopie, de celle que nous redoutons toutes et tous. Avec cette série B tragico-comique, Pierre Ferrero donne libre cours à une aventure exaltée qui puise ses influences dans de nombreux registres. Un récit hybride qui mêle la satire à des scènes d'actions baroques et à des coups de théâtre fantasques. -
C'est la nuit, on y voit à peine, on ne sait pas comment s'y prendre, mais il va bien falloir la monter cette foutue tente ! Et voilà, les plaisirs du bivouac qui commencent pour la petite Lucy et sa grande soeur. Au coeur de l'été, les deux filles s'installent pour quelque temps dans un camping typique de la campagne française. Parmi ceux qui reviennent chaque année, il y a le jeune Roman : un garçon aventurier et brusque, que l'on devine, trop souvent, livré à lui-même. Il connaît les lieux comme sa poche, à l'aise sur son territoire, rien ne pourrait l'effrayer.
Mais, lorsqu'il trouve sur son chemin une nouvelle tête, celle de Lucy, il se transforme en un animal farouche. Qui s'y frotte s'y pique ! Le temps d'un séjour fugace, les deux enfants vont apprendre à s'apprivoiser.
Progressivement, malgré les secrets et les blessures, la curiosité pour l'autre l'emportera sur la méfiance. Cette rencontre éphémère et tumultueuse, au coeur d'une nature jaunie par l'été brûlant, se profile au travers des couleurs au crayon de Noémie Marsily, accompagnée pour cette aventure de la scénariste Isabella Cieli. Memet est un récit subtil, appuyé par une mise en scène faite de petites touches sensibles et délicates qui évoque la douce nostalgie des vacances de notre enfance.
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New York, 15 juillet 1904, le PS General Slocum entreprend son dernier voyage sur l'East River en direction de Long Island. Alors que le fameux bateau à vapeur américain subit un incendie d'envergure, son équipage ne parvient pas à éviter le naufrage, entrainant avec lui la plupart des 1400 excursionnistes, majoritairement d'origine allemande. Il s'agit de l'une des plus grande catastrophe maritime civile de l'histoire des États-Unis à ce jour.
Jan Soeken, allemand lui aussi, nous raconte cet évènement historique sur le ton de l'humour noir. Ainsi, cette véritable tragédie tourne rapidement à la farce burlesque. Pour ce faire, il reprend étape par étape la chronologie d'une débâcle en centrant son récit sur des petits groupes de personnages. C'est le chaos à bord, du flegmatique capitaine au truculent révérend, des matelots aux passagers, il n'y en aura pas un pour sauver l'autre, ils sont tous aussi névrosés qu'incompétents. Slocum est une comédie de moeurs peuplée de « gueules » imparfaites qui siéent tout particulièrement au style, esquissé aux crayons, de l'auteur. -
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Loulou et Nana vivent seules avec leur mère dans un petit pavillon de campagne. C'est les vacances, l'ambiance est au désoeuvrement général. Les journées s'organisent au rythme des repas et le gros des interactions se déroule autour de la table du salon. À l'exception du petit copain de Nana, l'unique présence masculine c'est «?Chacha?», le chat de la maison. Attention, il ne s'agit pas de n'importe quel animal de compagnie, c'est un félin doué d'expression. En aparté, il peut comprendre et communiquer avec Nana. Mais ce n'est pas la seule à personnifier la petite bête, toutes les trois entretiennent avec lui une relation pour le moins ambigüe faite de jalousie et de convoitise. La légère mesquinerie du matou va bientôt attiser crispations et suspicions au sein de la maisonnée. «?Gratin de chat?» figure de manière audacieuse les préoccupations adolescentes et familiales à travers le portrait d'une mère et de ces deux filles. Dans ce récit où les non-dits submergent les personnages, la parole se révèle plus que jamais essentielle. C'est la première bande dessinée d'Adèle Maury, lauréate en 2020 du Prix «?Jeune talent?» au Festival d'Angoulême. Elle termine actuellement un master BD et édition à L'Institut Saint-Luc de Bruxelles.
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Alors qu'une nouvelle antenne-relais est en construction aux abords de la ville, des morts inexpliquées se multiplient. La thèse de l'accident est rapidement écartée car auprès de chaque victime, est retrouvée une pierre parallélépipédique qui semble relier les affaires entre elles. S'il s'agit bien de meurtres, l'identité et la motivation de leurs auteurs (un tueur en série, des opposants fanatiques au projet d'antenne-relais ? ) restent mystérieuses.
Mais pour les autorités légales, il s'agit de rationaliser, de trouver des causes, de protéger l'industrie des télécommunications et de dénicher des coupables. Entre un mari énigmatique et en retrait et ses collègues lourdauds, la gendarme Loreleï Soares se fie à son instinct pour faire avancer l'enquête dont les premiers suspects sont un sanglier et un lynx. S'agirait-il d'une nouvelle étape dans la guerre ancestrale entre l'homme et la nature ? Auteur de nombreux ouvrages singuliers (chez Atrabile ou la Cinquième Couche entre autres), Thomas Gosselin s'associe à Isao Moutte au dessin pour ce polar énigmatique qui questionne habilement les rapports entre l'homme et la nature, la fragilité de leur cohabitation, les luttes de pouvoir et l'équilibre des forces.
Entre scènes d'action et pages contemplatives, La trêve, chérie livre un épisode tendu de ce face-à-face éternel et sans pitié. Le thème du rapport entre l'homme et la nature a été de nombreuses fois traité mais La trêve, chérie propose une tout autre approche. Construit sous la forme d'une enquête policière, le récit change régulièrement de rythme au fil des soubresauts de l'enquête ou des réflexions de ses personnages.
Les courses poursuites s'enchaînent avec les questionnements identitaires dans ce polar métaphysique qui ne se refuse rien, ni la symbolique limpide d'une écluse, ni les discours menaçants d'un perroquet. La trêve, chérie a quelque chose du tour de force car en un peu moins de 90 pages, il aborde, de manière brillante, originale et décomplexée, rien de moins que l'avenir de l'humanité et sa cohabitation avec la nature.
La richesse des textes de Thomas Gosselin joue d'ailleurs un rôle central dans cette réflexion et cet étonnant récit.
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Menotte s'est enfui de son foyer, il vit depuis avec son chien Quenotte dans un bâtiment désaffecté à l'orée de la forêt. Orphelin, il survit de menus larcins et de cambriolages. Grâce à son doigt qui peut s'allonger à l'infini et aux dents aiguisées de son petit compagnon, aucune serrure ne leur résiste ? ! Dans les parages, il y a aussi Max et son crapaud. Malgré leur différence d'âge, Menotte finit par se lier d'amitié avec lui.
Ensemble, ils occupent leur journée à arpenter les terrains vagues lugubres et les friches industrielles de la ville déserte. Pour tromper l'ennui, ils balancent des pierres aux passants et ça les fait bien marrer. Au fil de leurs errances, ils finissent par tomber sur le campement des trois de la bande du Chêne et s'empressent de le saccager. C'est le début des hostilités entre les deux clans ? ! Dans cette Guerre des boutons désenchantés, il y a surtout un combat pour l'émancipation.
Adolescents dans la marge, livrés à eux-mêmes dans le monde des adultes invisibles, ils s'inventent leurs propres identités et construisent leur mythologie. Au coeur de cette utopie ingénue, la maturité surgit parfois là où on ne l'attend pas, à travers la rébellion, la fraternité, l'amour ou encore les prémices d'une organisation de vie autonome. Menotte & Quenotte est le premier long récit de Michel Esselbrügge, jeune auteur allemand que l'on avait pu lire en français pour la première fois, il y a quelques années, à L'employé du moi avec L'usine à tête de gras dans la collection Vingt-Quatre.