C'est la rentrée!! Le choix des libraires
-
Thetford Mines, ville phare de l'industrie de l'amiante québécoise, été 1986. Steve Dubois, neuf ans, et le petit Poulin, dix ans, s'abandonnent aux plaisirs de l'amitié. La belle saison est rythmée d'aventures sur les hauts terrils et d'évasions à travers les paysages mi-forestiers mi-lunaires. Les journées des deux inséparables s'écoulent dans l'oisiveté et l'innocence, sur leurs vélos ou allongés dans leur cabane parmi les pins. Or, l'année 1986 est riche en tragédies, et l'une d'entre elles affecte le cours de la vie de Steve comme nulle autre. Cinq ans plus tard, on le retrouve en proie à son obsession : reconstituer son paradis évanoui.
Maniant une langue précise et sensuelle, Sébastien Dulude fait le récit d'une jeunesse fragile et inflammable dans un American Dream ouvrier en perte d'élan. -
Les premiers mots de Vie animale résonnent encore dans l'esprit de ses lecteurs : « On en voulait encore. » Il a fallu douze ans à Justin Torres pour publier un deuxième livre. Roman traversé de fulgurances poétiques, objet littéraire singulier, Blackouts entremêle fiction et réalité. Un homme de 27 ans d'origine portoricaine nous raconte une histoire. Celle de son ami Juan et d'un livre retrouvé. Celle d'un passé réduit au silence. Celle d'un temps pas si lointain où l'homosexualité était considérée comme une maladie.
Juan et le narrateur se sont connus à l'hôpital psychiatrique. Juan est plus âgé, charismatique et fascinant. Il vit dans un lieu appelé le Palais, complexe résidentiel situé en plein désert qui abrite une grande communauté queer. Atteint par la maladie, Juan confie à son jeune complice une mission : poursuivre ses recherches sur Jan Gay (personnage bien réelle du début du XXe siècle), anthropologue lesbienne oblitérée de la mémoire collective qui a vu son travail pionnier être bafoué, détourné. De ce dialogue entre deux générations, Justin Torres tire un roman inclassable. Par le geste fictionnel, il tente de dire, de comprendre et de réparer la réalité douloureuse de l'Histoire. -
Ilaria ou la conquête de la désobéissance
Gabriella Zalapì
- Zoe
- Domaine Francais
- 21 Août 2024
- 9782889074112
Ilaria a huit ans quand son père l'embarque en cavale dans l'Italie du début des années quatre-vingt. Fulvio ressemble à « un guépard nerveux » pense l'enfant tout en chantant des tubes avec lui dans la voiture. Ilaria découvre Trieste, la mer en Toscane, l'internat à Rome. Elle apprend à conduire et à mentir. Observe et ressent tout tandis que son père boit de plus en plus de whisky dans un nuage de fumée. De petits hôtels en aires d'autoroute, l'enfant perd peu à peu l'odeur et la douceur de sa mère. La campagne sicilienne et la vie de ses paysans la sauvent. Ça ressemble à une aventure, mais c'est un enlèvement. Les mots de ce texte sont à hauteur d'enfant, ce que comprend Ilaria, c'est à travers des sensations physiques, au-delà de tout jugement.
-
Cette histoire commence au bord de la mer des Caraïbes, sur un petit carré de plage jamaïcaine préservé des constructions d'hôtels de luxe qui envahissent la côte. Ici, la jeune Safiya grandit avec ses frère et soeurs entre une mère éprise de littérature et un père musicien de reggae qui obéit strictement aux préceptes rastafaris. Safiya évolue dans une Jamaïque pleine de musique, de mots, de nature triomphante, mais aussi dans un foyer marqué par l'oppression. Le père de Safiya y règne en maître, et inculque à ses enfants dès leur plus jeune âge l'horreur de « Babylone », qui désigne autant le maquillage ou la danse que la royauté britannique ou les violences policières.
Alors que Safiya voit sa mère se plier en silence aux exigences grandissantes de son père, la jeune fille choisira la voix de l'éducation et de la littérature pour découvrir qui elle est vraiment, et le faire savoir. Récit puissant d'un destin hors du commun, Dire Babylone est la preuve éclatante que la littérature peut changer le cours d'une vie. -
En 1848, on découvre de l'or dans la Feather River, en Californie du Nord. Une ville naît, baptisée Oroville ; la ruée vers l'or commence. En 2020, Thea, géologue venue à Oroville pour travailler en aval du gigantesque barrage désormais construit sur la Feather River, doit fuir devant l'avancée des méga-feux. Alors qu'un monde vacille, la violence de son histoire resurgit. Entourée de femmes aimées - une écrivaine de science-fiction, une descendante d'un peuple autochtone, une ingénieure coréenne -, Thea tente de remonter le fil des dévastations issues de la ruée vers l'or. Porté par la langue puissante et tendre de Nina Leger, le chant ancien de la rivière se mêle aux voix d'un présent bouleversé pour faire entendre l'épopée d'une civilisation qui s'est construite en détruisant, au point de préparer sa propre ruine.
-
En avril 2022, la mère de Julia Deck est victime d'un accident cérébral. Selon les médecins, ses chances de survie sont infimes. Mais la patiente déjoue les diagnostics. Commence alors un long cheminement, dans l'espoir d'une convalescence, à travers le dédale des établissements de soins. En parallèle, Julia Deck raconte, sur un rythme vif et non dénué d'humour british, la vie de cette femme issue d'une famille ouvrière anglaise, passionnée de littérature, qui s'est élevée socialement, est venue habiter en France, tout en continuant d'entretenir un rapport complexe avec sa famille d'Angleterre. Car au milieu de son histoire, Julia décèle une étrangeté, peut-être un secret - un point aveugle dans le récit de sa filiation. Mais à cette interrogation, seule sa mère, précisément, pourrait répondre. Ce texte splendide, qui questionne les liens entre l'écriture et la vie, est aussi un geste d'amour bouleversant d'une fille envers sa mère.
-
Parmi les ruines de l'ancien monde, quelques années après l'effondrement de la civilisation, une petite communauté subsiste en périphérie d'une grande ville sous le joug impitoyable de la Matriarche. Cette dernière dirige d'une main de fer sa tribu, ses enfants, avec l'aide de son frère cadet et d'un vieux maître d'école. Elle souhaite sauver l'humanité et reconstruire le monde à son image, sans que l'on sache exactement ce que cela signifie.
Dans cette imitation du jardin d'Éden, la jeune Dolores est le souffre-douleur de ses frères et soeurs. Muette, souffrant d'un lourd handicap, elle reste stoïque malgré tout. Elle encaisse brimades et violences sans broncher. Jusqu'au jour où, sur ordre de la Matriarche, Dolores est emmenée dans la forêt par son oncle pour y être livrée à un autre groupe de survivants.
Pourtant, quand Dolores est de retour, c'est toute la vision et l'autorité de la Matriarche qui s'effondrent...
Avec ce premier roman aussi drôle que cruel, Missouri Williams interroge et parodie avec sensibilité et intelligence les romans apocalyptiques, les dystopies et autres récits de survie. Empruntant au conte philosophique, à la tragédie grecque et à l'absurde, la langue envoûtante de Williams, d'un lyrisme sombre, se met au service d'une réflexion sur les violences faites aux femmes et sur le prix à payer pour la survie de l'humanité. -
« Aux confins de la Louisiane, une île porte le prénom de mon père.
Chaque jour, elle s'enfonce un peu plus sous les eaux. »
Il a fallu que son esprit vogue jusqu'à l'Isle de Jean-Charles pour qu'elle se retrouve enfin face à son père. Qui est cet homme à la présence tranquille, à la parole rare, qui se dit sans mémoire ? Pour le découvrir elle se lance dans un projet singulier : lui rendre ses souvenirs, les faire resurgir des objets et des paysages.
Le premier lieu à arpenter est l'atelier où il a amassé toutes sortes de curiosités, autant de traces qui nourrissent l'enquête sur ce mystère de proximité : le temps qui passe et ces grands inconnus que demeurent souvent nos parents. Derrière l'accumulateur compulsif, l'archiviste des vies des autres, se révèlent l'homme enfant marqué par la guerre, l'artiste engagé et secret. Peu à peu leur relation change, leurs écritures se mêlent et ravivent les hantises et les rêves de toute une époque.
À travers cette géographie intime, Hélène Gaudy explore ce qui se transmet en silence, offrant à son père l'espoir d'un lieu insubmersible - et aux lecteurs, un texte sensible d'une grande beauté. -
«Je pardonne à tous et à tous je demande pardon. Ça va ? Pas trop de bavardages.» Le 27 août 1950, Cesare Pavese se donne la mort dans la chambre 49 de l'Hotel Roma, à Turin. Il laisse un mot d'excuse, des poèmes et un journal intime, Le Métier de vivre. Pierre Adrian a retracé le dernier été d'un écrivain hanté par le suicide. Il a cherché dans sa vie et dans ses livres de quoi nous apprendre, malgré tout, le douloureux métier de vivre. Pavese apparaît au fil des pages comme un compagnon de route taciturne, drôle, sincère. Au cours de ces errances en ville et dans les collines, on croise Monica Vitti et Antonioni, Calvino, des actrices américaines... Mais aussi «la fille à la peau mate», qui déambule aux côtés du narrateur sur les traces d'une ombre, dans ce Piémont devenu le lieu éblouissant des retrouvailles avec l'être aimé. Avec ce nouveau récit au charme furieux, Pierre Adrian nous donne à contempler une Italie d'après-guerre en noir et blanc, où la littérature et la politique sont une question de vie ou de mort, où rien n'est jamais grave mais où le tragique finit par s'inviter.
-
Les Enfants de sainte Marguerite
Ante Tomic
- Noir Sur Blanc
- La Bibliotheque De Dimitri
- 22 Août 2024
- 9782889830466
Après avoir exploré, dans ses deux précédents ouvrages, les territoires sauvages de l'arrière-pays dalmate, Ante Tomic nous offre avec ce nouveau roman une fine description de la population insulaire adriatique. On y rencontre un commandant de police entreprenant, qui a aménagé ses cellules en chambres d'hôtes, un professeur de philosophie galant, qui démontre que les cevapcici, ou kebabs selon les régions, sont à la source de la culture méditerranéenne, un migrant syrien beau comme un dieu, centre de toutes les attentions du beau sexe, et un âne mythologique et fripon, qui brait à chaque fois qu'un couple fait la bête à deux dos.
Histoire rocambolesque et drolatique émaillée de rebondissements improbables, hommage à sainte Marguerite, dernier recours des couples infertiles, mais en premier lieu merveilleux roman d'amour qui, comme tous les livres d'Ante Tomic, réconcilie le lecteur avec l'humanité, Les Enfants de sainte Marguerite nous plonge dans l'univers malicieux et bienveillant d'un auteur qui a su, tout le long de son oeuvre, gagner un public fidèle de plus en plus nombreux. -
«Il faut que je raconte cette histoire tant qu'il me reste de la peinture bleue sur les mains. Elle finira par disparaître, et j'ai peur que les souvenirs s'en aillent avec elle, comme un rêve qui s'échappe au réveil et qu'on ne peut retenir. Avec ce bleu, j'ai peint le cercueil de Papa.» Bernard Mélois est sculpteur. Il a consacré son existence à souder des figures spectaculaires dans le capharnaüm de son atelier, en chantant sous une pluie d'étincelles. Alors qu'il vit ses derniers jours, ses filles reviennent dans leur maison d'enfance. En compagnie de leur mère, des amis, des voisins, elles vont faire de sa mort une fête, et de son enterrement une oeuvre d'art. Périple en Bretagne pour faire émailler la croix, customisation du cercueil, préparatifs d'une cérémonie digne d'un concert au Stade de France : l'autrice raconte cette période irréelle et l'histoire de ce père hors du commun dont la voix éclaire le récit. D'une fantaisie irrésistible, Alors c'est bien offre un regard sensible et inattendu sur la perte et la filiation. C'est aussi l'hommage de l'artiste Clémentine Mélois à son père, ce bricoleur de génie qui lui a transmis son humour inquiet, son amour des mots et son vital élan de création.
-
5 avril 2019. Dans une maison de Brooklyn, le vernis du bonheur familial se fissure. Dan et Isabel s'éloignent peu à peu mais trouvent refuge auprès de Robbie, le jeune frère d'Isabel. Robbie qui habite toujours dans le grenier et vit par procuration à travers un avatar glamour en ligne. Il y a aussi Nathan, dix ans, et sa soeur Violet, cinq ans, qui tentent de ne pas remarquer le fossé qui se creuse entre leurs parents.5 avril 2020. Alors que le monde est confiné, la maison se transforme en prison. Violet est terrifiée à l'idée de laisser les fenêtres ouvertes. Isabel et Dan communiquent par des soupirs de frustration. Et Robbie est bloqué en Islande...5 avril 2021. La famille doit faire face à une nouvelle réalité, très différente. Car tout a changé.Trois journées d'avril comme la chronique ininterrompue d'un couple qui s'essouffle, d'une famille qui vacille. Michael Cunningham réussit à merveille à nous plonger dans la vie de personnages célestes, tout en nuances et en émotion. Un grand roman pour son retour à la littérature.Traduit de l'anglais (États-Unis) par David FauquembergMichael Cunningham, né en 1952, est un romancier et scénariste américain. Son roman Les Heures a reçu le prix Pulitzer en 1999 et a été adapté au cinéma par Stephen Daldry avec, dans les rôles principaux, Meryl Streep, Nicole Kidman et Julianne Moore. Il a enseigné à Columbia University et est actuellement professeur à Yale University.
-
À vingt et un ans, épuisée après des années de lutte contre la maladie, Déborah doit interrompre ses études. Elle retourne vivre chez son père où elle fait face à une extrême précarité. Elle décide alors de devenir camgirl. Mais très vite, cette activité ne suffit pas pour survivre financièrement. Elle sort de l'écran et devient escort puis dominatrice.
Alors que la parole des travailleuses du sexe reste un angle mort de la pensée post-MeToo, Déborah Costes dit ce qui ne se raconte pas : le travail du sexe dans toute sa complexité, la honte et le tabou imposés par les regards extérieurs, les clients que cette culture du silence protège, la famille négligente, le père qui sait et profite de ses revenus. En exorcisant les clichés et les fantasmes qui entourent la figure de la prostituée, Déborah Costes nous tend un puissant miroir où se reflètent les rapports de domination à l'oeuvre dans une société patriarcale. -
Quelque chose est en train de craquer. Face à l'angoisse apocalyptique qui hante notre temps, les puissants de ce monde se préparent eux aussi à l'effondrement. Certains croient assurer leur survie en s'offrant de luxueux bunkers, d'autres capitalisent sur le désastre qu'ils ont contribué à provoquer.
Eugénie Valier, héritière déclinante d'un grand groupe industriel, se résigne quant à elle à une mort prochaine. Et puisque l'humanité court à sa perte, elle décide de démanteler l'empire érigé par son père au lieu de le léguer à son fils. L'intégralité de sa fortune ira à une fondation destinée à nettoyer les "trash vortex", ces vastes tourbillons marins qui charrient tous les déchets dérivant à la surface des océans. Mais cette mission, a priori vertueuse, sert en fait un projet de liquidation générale, auquel se mêle un inavouable règlement de comptes familial.
Avec cette satire virtuose des élites économiques, politiques, et des multiples acteurs qui gravitent autour d'elles, Mathieu Larnaudie nous emporte dans une traversée vertigineuse de notre époque, et signe le grand roman d'une civilisation fascinée par sa propre fin. Que reste-t-il à transmettre lorsque demain est incertain ? -
À la mort de sa mère, Youssef, un professeur marocain exilé en France depuis un quart de siècle, revient à Salé, sa ville natale, à la demande de ses soeurs, pour liquider l'héritage familial. En lui, c'est tout un passé qui ressurgit, où se mêlent inextricablement souffrances et bonheur de vivre.
À travers lui, les voix du passé résonnent et l'interpellent, dont celle de Najib, son ami et amant de jeunesse au destin tragique, happé par le trafic de drogue et la corruption d'un colonel de l'armée du roi Hassan II. À mesure que Youssef s'enfonce dans les ruelles de la ville actuelle, un monde perdu reprend forme, guetté par la misère et la violence, où la différence, sexuelle, sociale, se paie au prix fort. Frontière ultime de ce roman splendide, le Bastion des Larmes, nom donné aux remparts de la vieille ville, à l'ombre desquels Youssef a jadis fait une promesse à Najib. " Notre passé... notre grande fiction ", médite Youssef, tandis qu'il s'apprête à entrer pleinement dans son héritage, celui d'une enfance terrible, d'un amour absolu, aussi, pour ses soeurs magnifiques et sa mère disparue.
Prix Décembre 2024
Prix de la langue française 2024 -
Coupez nous plonge dans la précarité et la solitude de la vie de Manon, jeune scénariste, tour à tour indispensable et méprisée. Son compte en banque tourne à vide, elle réécrit dans l'urgence et sans rétribution, se démenant pour la survie de son projet. Sa force d'ouvrage est objet d'exploitation, sa part de reconnaissance, minime.
Dans ce parcours d'obstacle, un amour profond du cinéma se dessine. En plongeant dans les arcanes de ce qui, intimement, fait récit pour une autrice, Laure Desmazières explore le coeur du cinéma par la coupe, et dans cet interstice mystérieux, contenant cauchemars éveillés, délires et souvenirs, elle éclaire aussi la beauté d'un art, celui de faire transition, entre des scènes, mais aussi, entre des êtres. -
Peau-de-Sang est le cinquième roman d'Audrée Wilhelmy, et celui de la maturité. Portrait d'une femme extraordinaire à la fois mère, sorcière et prostituée, ce roman est habité d'une force rare, incantatoire, à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut.
Isolée dans le froid et la solitude des forêts, la ville de Kangoq est figée dans le temps. Ici, on vit de peu, du labeur des ouvrières dans les filatures et des hommes dans les champs. Mais une femme différente donne un secret équilibre à ce monde. Dans sa boutique, selon les heures, elle déplume de grandes oies des neiges, initie discrètement de jeunes filles aux élans de leur corps, ou accueille les hommes qui cherchent, dans sa chair, un impossible repos.
Peau-de-Sang est le cinquième roman d'Audrée Wilhelmy, et celui de la maturité. Portrait d'une femme extraordinaire à la fois mère, sorcière et prostituée, ce roman est habité d'une force rare, incantatoire, à la croisée de la liberté de Goliarda Sapienza et de la poésie de Bérengère Cournut. -
Le crématorium froid : Au Pays d'Auschwitz
Jozsef Debreczeni
- Stock
- La Cosmopolite
- 28 Août 2024
- 9782234095373
« Une oeuvre littéraire indispensable et un document historique d'une importance inégalée. Une lecture qui devrait être obligatoire. »
Jonathan Safran Foer, auteur d'Extrêmement fort et incroyablement près
Ce texte essentiel, inédit en français à ce jour, prend sa place aux côtés de Si c'est un homme de Primo Levi et d'Être sans destin d'Imre Kertész, chefs-d'oeuvre de la littérature concentrationnaire.
Lorsque József Debreczeni arrive à Auschwitz, son espérance de vie est de quarante-cinq minutes. C'est le temps qu'il faut aux déportés envoyés dans la file de gauche pour se déshabiller et être emmenés dans les chambres à gaz. L'auteur, lui, est dans la file de droite.
S'ensuit un voyage d'horreur de douze mois à travers ce qu'il appelle « le pays d'Auschwitz », jusqu'au camp final de Dornhau, où il passera sept mois, de novembre 1944 à mai 1945, dans ce « crématorium froid », soi-disant hôpital où les Nazis envoient les prisonniers à bout de forces.
Page après page, le pays d'Auschwitz prend vie : József Debreczeni détaille le système hiérarchique concentrationnaire et l'implacable mécanique d'extermination mise en place par le régime nazi.
Page après page, des visages humains se dessinent. Les prisonniers qu'il côtoie sortent de l'ombre et deviennent des personnages vivants, uniques. Il les délivre ainsi de leur numéro et leur restitue leur humanité.
Traduit du hongrois par Clara Royer -
Jeune lesbienne sans attaches, la narratrice de Mammouth décide de tomber enceinte. Elle organise une fête clandestine de fécondation, prend les hommes au hasard, abandonne son travail universitaire et quitte Barcelone pour s'installer seule dans un mas décrépit sur des hauteurs isolées quelque part en Catalogne.
Une nouvelle vie commence alors, une vie à l'état brut, ramenée à l'essentiel. Elle fait des ménages, biberonne des agneaux, gagnant tout juste de quoi se nourrir et constituer son garde-manger pour l'hiver. Pour tromper la solitude, il n'y a que le berger d'à côté et Toc-Toc, le chien crasseux qui s'est invité chez elle. Peu à peu, une transformation s'opère, vécue au plus près du corps, comme un devenir-animal.
Ce nouveau roman d'Eva Baltasar, loin d'un éloge du retour idyllique à la terre, nous conte, dans un style sans fioritures et souvent drôlatique, l'itinéraire d'une femme sauvage sans concession. -
À Noirax, les hommes font régner leurs lois depuis des décennies. À commencer par le père Berthoumieux, qui envisage de devenir maire du village et de passer progressivement le relais à son fils Jeanty, de retour depuis peu, après que son mariage a tourné court. Mais lorsque Aliénor, une jeune femme libre et déterminée à faire toute la lumière sur ses origines, fait son entrée dans le domaine de la Malmaison, père et fils voient leur quotidien bouleversé et leurs convictions ébranlées. Tandis que se craquelle le vernis de la mémoire et de la légende familiale, les femmes se rappellent au souvenir de tous pour faire tomber les masques et écrire leur propre histoire.
Dans cette épopée familiale d'un genre nouveau, conte moderne où l'on cuisine, chante, peint et où l'on s'aime, Marie Hélène Poitras réinvestit les femmes du pouvoir de dire et de créer, afin de leur donner la possibilité de se faire justice et de reprendre la part qui leur revient.