Fêtes d'anniversaire de millionnaires, mégayachts sur la Côte d'Azur, bouteilles de champagne à 40000 dollars... C'est à la découverte du circuit mondial des boîtes de nuit de luxe et des soirées de la jet-set - de New York à Saint-Tropez - que nous convie Ashley Mears, ancienne mannequin devenue sociologue, dans un récit unique fondé sur une longue enquête en immersion.
Elle dévoile, dans une perspective féministe, le travail des promoteurs de club chargés de recruter, dans la rue ou à la sortie des agences de mannequins, des jeunes femmes vouées à agrémenter par leur présence les soirées des very important people. Elles le font sans autre rémunération que les plaisirs passagers de la fête et du luxe, dans l'espoir d'accéder à des opportunités exceptionnelles. De leur côté, les clients fortunés, en exhibant des corps féminins haut de gamme et en faisant couler à flots un champagne hors de prix, se livrent à des joutes symboliques pour affirmer leur statut. Beauté, prestige, richesse et ambitions - largement illusoires - se mesurent et s'échangent ainsi lors de ces soirées VIP.
Dans un style vivant et incarné, l'autrice explore les coulisses de cet univers de la jet-set internationale pour mieux en déconstruire les fondements : l'exploitation des corps de belles jeunes femmes recrutées pour des hommes fortunés, la sexualisation des rapports sociaux, le gaspillage ostentatoire de l'argent comme rituel de domination, les logiques de don et contre-don chez les ultra-riches... Une expérience de lecture étourdissante, à l'heure où les inégalités atteignent des sommets.
Alors que les revenus stagnent et que le coût de la vie augmente pour le commun des mortels, la vie des riches nous est de plus en plus offerte en modèle et en spectacle. D'aussi énormes fortunes, et les inégalités qu'elles génèrent, ont beau être obscènes par leur démesure et menaçantes par le poids qu'elles confèrent aux caprices de quelques individus, nous nous obstinons à penser qu'elles sont légitimes, voire admirables. Dans son roman Chien blanc, Romain Gary nommait «société de provocation» l'ordre social qui encourage une telle outrecuidance et glorifie les prouesses et le mode de vie obscènes des riches, tout en s'aveuglant au dénuement et au ressentiment qu'ils provoquent.
Parasite : nom masculin. « Organisme qui se nourrit strictement aux dépens d'un organisme hôte d'une espèce différente ». Pour Nicolas Framont, étoile montante de la gauche, sont des parasites les membres de la famille Mulliez, de la famille Saadé, Xavier Niel... N'ayant pas peur d'appeler un bourgeois un bourgeois, de définir rigoureusement les contours de cette classe et de nommer ceux qui la servent, l'ouvrage entend documenter rigoureusement les différentes formes de parasitisme qui s'exercent sur notre travail, notre vie politique, nos ressources naturels. Un ouvrage décapant qui ne manquera pas de faire du bruit !
Vers 1800, la plupart des Français étaient des paysans, qui construisaient eux-mêmes leur maison, récoltaient leurs céréales, pétrissaient leur pain et tissaient leurs vêtements. Aujourd'hui, l'essentiel de ce que nous consommons est produit par un réseau de grandes et lointaines entreprises. En deux siècles à peine, la communauté paysanne autarcique s'est effacée pour laisser place à une myriade de consommateurs urbains et connectés.
Cet ouvrage retrace les grandes étapes de cette conversion à la consommation. Comment s'est constitué le pouvoir marchand ? Quels changements sociaux ont accompagné la circulation massive des marchandises ?
En parcourant l'Europe et l'Amérique du Nord des XIXe et XXe siècles, ce livre fait l'histoire de multiples dispositifs de marché : la marque insuf?ant à la marchandise sa valeur-signe, les mises en scène inventées par les grands magasins, l'ingénierie symbolique déployée par les relations publiques et la publicité... Il raconte la conversion des populations à la consommation et la fulgurante prise de pouvoir des marchands.
Pour relancer un « ascenseur social » interminablement en panne, les grandes écoles affichent depuis quelques années leur ouverture à la « diversité » et leur volonté de renouer avec la méritocratie qu'elles auraient incarnée par le passé. Certains les accusent au contraire d'instaurer des critères étrangers au mérite, quand d'autres dénoncent une volonté de sceller le sort des universités, reléguées à la gestion des flux étudiants. Mais, de la IIIe République à nos jours, les grandes écoles ont-elles jamais récompensé le mérite ?
En retraçant les controverses oubliées et les choix politiques qui ont garanti les prérogatives de ces établissements et ainsi légitimé un haut niveau de reproduction sociale, cette enquête sociohistorique montre que rien n'est moins sûr. Si l'évocation rituelle de figures emblématiques de boursiers entretient le mythe d'un âge d'or méritocratique, l'histoire de ces filières d'excellence révèle la pérennité d'un système héritocratique, grâce auquel des élites résolues à défendre leurs frontières et leurs intérêts parviennent à consacrer leur héritage comme un privilège mérité.
Replacée dans des rapports de force qu'occulte la croyance en l'égalité des chances, l'introuvable démocratisation des grandes écoles ne s'explique pas par un complot de caste, mais par une succession de luttes dont les élites en place sont régulièrement sorties victorieuses. Face aux perspectives de changement et aux projets de réforme, elles ont su se mobiliser pour restaurer l'ordre qui était sur le point de s'ébranler. Des lendemains de la Commune au Front populaire et à la Résistance, de la Libération à Mai 68 et aux années Mitterrand jusqu'à Parcoursup et la refonte de l'ENA, la continuité qui s'observe derrière les secousses éphémères et les évolutions structurelles ne relève donc pas d'une mécanique implacable - ni d'une fatalité politique.
Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon, célèbres sociologues passés maîtres dans l'art de décortiquer les inégalités, proposent une édition complétée et actualisée de ce petit manuel de pensée critique à lire et relire, de 9 à 99 ans ! Avec clarté, pédagogie et humour, ils expliquent les mécanismes et les enjeux du monde social. Cette opération de dévoilement permettra aux jeunes (et aux moins jeunes) lecteur·rices de dépasser le stade du ressenti pour accéder à la compréhension des déterminismes sociaux qui entrent en jeu : les riches, les pauvres oui, c'est injuste... mais pas seulement !
Pourquoi les riches sont-ils de plus en plus riches et les pauvres de plus en plus pauvres ? s'attaque aux mécanismes de la domination sociale. Qu'est-ce qu'une classe sociale ? À quoi reconnaît-on les riches ? Que font-ils avec leur argent et pourquoi ne le partagent-ils pas avec ceux qui manquent de tout ? A-t-on besoin des riches ? 20 questions pour rendre compte d'une réalité sociale complexe sont croquées ici avec finesse et humour par l'illustrateur Étienne Lécroart. Un essai jeunesse exceptionnel pour aiguiser l'esprit critique et donner envie de changer le monde !